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Les magazines féminins se font une indigestion du régime cétogène que les Anglo-Américains nomment « keto diet ». Ce régime « brûleur de graisse » est censé vous faire perdre tout surpoids, réguler le diabète, voire repousser l’invasion carcinogène. Le Dr Boris Hansel, maître de conférences des universités, praticien hospitalier, met un peu de science dans toutes ces promesses.
Forcer le corps à consommer ses graisses, vraiment ?
Le principe de ce régime est de provoquer la production de corps cétoniques, des molécules fabriquées à partir des graisses après l’épuisement des réserves en sucre de l’organisme. L’organisme va puiser dans les graisses pour produire des corps cétoniques, fournisseurs d’énergie. C’est la « lipolyse ». Diminuer la masse graisseuse, c’est bien maigrir. Mais comment « épuiser » le sucre ? Par le jeûne, par exemple. Mais une pratique difficile à tenir, dangereuse si elle se prolonge. L’autre « technique » : exclure de son alimentation la quasi-totalité des glucides, méthode testée par le chercheur Russell Morse Wilder. C’est le principe même du régime dit cétogène.
Le régime cétogène, mode d’emploi
L’idée est de réduire drastiquement les aliments riches en sucres, les féculents (pâtes, riz, pomme de terre…), les légumineuses (lentilles, pois chiches), les fruits et avant tout les sucreries. Sans éviter les graisses – crème, beurre, huiles diverses et mayonnaise. De quoi épuiser rapidement les stocks de glucose pour forcer l’organisme à trouver dans les graisses une source d’énergie. Du coup, on consommera « normalement » les protéines, en quantités modérées – œufs, fromages, poissons, viandes.
Les légumes, en fonction des sucres qu’ils contiennent, seront inclus dans la ration totale de glucides autorisée (environ 5 % des apports énergétiques, soit un maximum de 50 grammes par jour). Les haricots verts, par exemple, apportent 5 grammes de glucides pour 100 grammes.
Mais est-ce que « ça marche » ?
Un régime efficace contre plusieurs affections
Sur l’épilepsie et ses formes sévères, oui, principalement chez l’enfant, moins chez l’adulte. Côté diabète, on assiste à une amélioration du contrôle de la glycémie (taux de glucose dans le sang). Mais pas à sa guérison, ne croyez pas les pubs mensongères. Et le poids ? Le régime cétogène n’est efficace… qu’en raison de son effet sur l’appétit ! Moins manger, c’est réduire de beaucoup les apports caloriques. Même si l’on consomme, mais moins, les produits dits gras. Mais attention : cette perte de poids ne durera que tant que les apports seront limités. Keto, oui, mais alors à vie. Quant au cancer, aucun bénéfice à espérer. Personne n’a jamais démontré que la suppression du sucre éradique les cellules cancéreuses chez l’être humain. Le rapport scientifique du réseau National alimentation cancer recherche (Nacre) conclut à l’absence totale de preuve de l’efficacité d’un régime pauvre en glucides sur le cancer. Pire, un régime cétogène chez une personne atteinte de cancer risquerait de provoquer une dénutrition, incompatible avec les chimiothérapies. Moralité : tout ce qui contribue à réduire la quantité de ce que l’on mange agira sur le poids. Volonté comprise…
OM, avec The Conversation France