Le bénévolat : un acte formateur

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Gagnant-gagnant !

Comment essaimer la citoyenneté bénévolement tout en en faisant ressortir ses qualités dans le monde de l’entreprise ? Tout un programme dans lequel se lancent les jeunes grâce au monde associatif. Qui a dit que la jeunesse n’avait pas d’avenir ?

L’engagement associatif est bien souvent plus qu’un passe-temps parce qu’il est porteur de sens. La Croix Rouge, MSF, Amnesty International et bien d’autres constituent bien évidemment une manière de s’engager pour une cause noble. Pour tous, adultes, adolescents… étudiants comme salariés, retraités comme lycéens. Le monde associatif regorge de richesses insoupçonnées. Car aujourd’hui, la mode n’est pas seulement à l’engagement bénévole. L’air du temps est à la valorisation de la citoyenneté. Cette citoyenneté qui peut s’exprimer sur les terrains du développement durable, de l’éducation, de la santé… Les lignes bougent aujourd’hui pour mettre en avant une citoyenneté par l’action. Et ces actions peuvent être de mieux en mieux perçues. Car le fait d’être en association permet bien souvent de travailler sur des compétences qui ne se trouvent ni dans les futurs choix de carrière, ni dans son parcours étudiant. Et ces compétences sont de plus en choyées par les mondes public et privé.

Construire la citoyenneté hors les murs de l’école et l’éducation parentale

Pascale Boissonnet, président de l’association Éveil introduit : « Nous constatons plusieurs choses. Le premier constat concerne l’évolution du statut des jeunes dans la société : ils sont autonomes de plus en plus tôt et exposés à un afflux d’informations qui favorise la perte de repères. Le second concerne la difficulté rencontrée par les adultes, qu’ils soient parents ou enseignants, à communiquer avec les jeunes sur l’exercice de leurs responsabilités ». Fondée le 15 septembre 1993, Éveil est une association loi 1901, à but non lucratif. Son objet est d’éveiller les jeunes à leur rôle de citoyens en les informant notamment sur leur environnement institutionnel, économique, technologique, écologique et sur les grands enjeux du monde contemporain. Ainsi l’association propose-t-elle aux jeunes des programmes d’informations pratiques et concrets destinés à les aider à se responsabiliser dans la Cité. « Ces programmes, complémentaires des programmes scolaires, nous les proposons gratuitement aux établissements et aux enseignants qui souhaitent en disposer, complète Pascale Boissonet. Notre démarche se fonde sur une approche concrète et active. Pour éveiller les jeunes à une prise de conscience de la responsabilité qu’impliquent leurs choix, dans leur vie personnelle et dans leur environnement social, nous organisons des programmes d’intervention pour les élèves des écoles, collèges, lycées et pour les enseignants. » Animées par des intervenants experts, ces interventions traitent de l’Europe, de la santé, de l’orientation professionnelle, de l’environnement, de façon concrète. Le but est d’aborder la citoyenneté dans toutes ses dimensions et de favoriser la mise en pratique.

Vous l’aurez compris. L’intérêt de ce type d’initiative réside dans le fait qu’elle s’adapte aux sensibilités, talents et compétences de chacun pour participer à la chose publique dans un environnement proche.

Le citoyen et la carotte

« Notre point de départ fut de se dire que nous nous situons de plus en plus dans une démarche participative et qu’il faut inclure les personnes dans les décisions et les actions pour que la citoyenneté ne soit pas qu’une idée abstraite. Car on constate que les citoyens ne sont pas tout à fait prêts sur certains sujets. Si on met en place des instances citoyennes, le risque est d’obtenir un bloc monolithique qui ne sera pas représentatif de la population. Il reste des citoyens non actifs qu’il faut intégrer. C’est pour cela que nous mettons en œuvre les conditions nécessaires pour ré-enchanter la citoyenneté », analyse Julien Goupil, président de l’association Empreintes Citoyennes. Mais ce ré-enchantement des valeurs citoyennes est une épreuve d’endurance et l’aboutissement des projets se compte en année et en étapes qui découlent d’une méthodologie bien huilée. « J’ai appliqué des méthodes éprouvées sur la question du développement durable. Et lorsque nous rencontrons des collectivités, nous leur demandons si elles ont au moins trois ans à nous consacrer », complète le président de l’association Empreintes Citoyennes. Aussi, ce travail se déroule grosso modo en quatre étapes : la sensibilisation, l’éducation, l’expression des citoyens et la création d’un sens partagé. « La citoyenneté est une notion qui s’adapte au territoire. Nous créons la base d’un contrat pour ensuite mobiliser les citoyens. Enfin, nous identifions une communauté et mettons en place un système de reconnaissance pour les actions vertueuses menées », renchérit Julien Goupil. Concrètement, à Argentan, a été menée une campagne contre les incivilités. Les citoyens ont choisi leur projet lié aux dégradations des murs, aux déjections canines et au respect d’autrui, ont eux-mêmes réalisé la campagne, scénarisé les messages et incarné les personnages de ladite campagne. « La citoyenneté ne doit pas être matraquée. C’est en « citoyennant » que l’on devient citoyen. Dans cet exemple, les citoyens sont devenus membres d’une agence de pub. Le tout en recréant des ponts entre les élus locaux et les citoyens. Nous récréons les conditions pour que le citoyen reconsidère l’élu et inversement que la collectivité lâche du lest et fasse confiance », note Julien Goupil. En parallèle, l’association met en œuvre d’autres dispositifs. Et pour poursuivre sa participation à la prise en compte et à l’émancipation du dialogue citoyen, l’association a élaboré la « Démarche Hurbaine » pour accompagner maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrage à établir les conditions d’un aménagement urbain responsable et humain, ouvert au dialogue et à la considération des attentes du territoire et de ses acteurs pour ainsi peser sur le cadre de vie, les usages, la mobilité. L’association joue ici un rôle d’évangélisateur pour les riverains, usagers, entreprises, associations intégrant une démarche d’information, dialogue, de médiation, d’appropriation de participation, de responsabilisation.

L’engagement bénévole pour mieux se vendre dans l’entreprise

Être bénévole ou agir dans le cadre d’actions citoyennes peut être aujourd’hui gratifié dans le cadre de l’entreprise. Tel est peu ou prou le chantier que s’est donné une association d’envergure, la JCEF pour Jeune chambre économique française. Ces jeunes bénévoles âgés de 18 à 40 ans sont tous animés par une volonté de changement. 600 actions rythment la vie de 150 Jeunes chambres économiques (JCE) présentes partout en France, y compris dans les territoires ultra-marins, à l’exception de la Corse. Cela représente 3000 membres regroupés dans des JCE locales dont les effectifs varient de 10 à 60 membres. Damien Durrleman, président de la JCE de Nantes ajoute : « Après quelques années d’action au niveau de ma localité, j’ai été nommé cette année chargé de mission national pour mettre sur les rails le CV citoyen et centraliser les initiatives locales. L’idée de ce CV citoyen est de mettre en avant son engagement bénévole par la reconnaissance des compétences acquises dans le cadre associatif. Et de ne plus faire de son engagement juste un bas de CV », explique Damien Durrleman de la JCE de Nantes.

Le chantier est ample. Et le temps est désormais venu pour cette association de partir à l’assaut des entreprises pour sensibiliser les recruteurs et faire valoir cette forme sous-estimée des acquis de l’expérience.

À ce jour, 53 Jeunes chambres ont monté une action concernant le CV citoyen, persuadées que cette initiative permettra de déceler des talents grâce à la mise en exergue de leur personnalité et de leurs valeurs. Une manière également de concilier la responsabilité sociétale des entreprises et de rendre la marque employeur plus attractive. « Le CV citoyen complète le CV professionnel : il permet de faire ressortir une personnalité, la capacité à se prendre en main, à parler en public, à travailler en équipe, à mener des projets en toute autonomie, à se challenger… Il identifie des compétences additionnelles, développées dans un parcours associatif (comme le suivi d’un budget par exemple). Enfin, il ancre une culture de responsabilité et de citoyenneté, mettant en lumière des valeurs et des engagements. Pour un bénévole, le CV citoyen peut être envisagé comme un outil de travail pour recenser ses activités associatives et réfléchir sur son parcours. Le candidat peut ensuite choisir d’intégrer ces éléments de manière plus construite dans son CV pro, pour mieux valoriser ses engagements bénévoles… et éviter la simple case « hobbies » peu différenciante », conclut Damien Durrleman.

Geoffroy Framery

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