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L’éducation est en crise. Ne pouvant se passer ni de l’autorité ni de la tradition, elle est actuellement confrontée à un monde qui n’est structuré ni par l’une ni par l’autre.
L’éducation de Hannah Arendt
Hannah Arendt est la fille d’un ingénieur et d’une mère admiratrice de Rosa Luxembourg, connaissant le français et la musique. À seize ans, elle a déjà lu l’intégralité des oeuvres de Karl Jaspers et de Kierkegaard. Elle passe son baccalauréat avec un an d’avance puis étudie la philosophie, la philologie et la théologie dans les universités allemandes.
Sa méthode d’éducation
Importance de l’autorité
Ne transférez pas votre autorité à vos enfants ! Pour Hannah Arendt, ils ne sont nullement autonomes et ne peuvent pas se passer de l’autorité de leurs parents. L’idée selon laquelle il existe un monde de l’enfance où les plus jeunes se gouvernent eux-mêmes est pour elle absolument fausse. Refuser d’exercer son autorité et abandonner les enfants à eux-mêmes est inadmissible . Affirmez-vous et n’ayez pas peur des conflits, les plus jeunes ont besoin de cadres ! Fixer des limites et savoir dire « non » à l’enfant est à la fois rassurant et structurant.
Des bienfaits du conservatisme
Hannah Arendt s’insurge contre la science de l’enseignement que constitue la pédagogie car elle ne place plus le savoir au centre de l’apprentissage. Elle peut même aller jusqu’à s’affranchir complètement de la matière à enseigner. Cela va de pair avec le pragmatisme du monde moderne qui privilégie le faire à l’apprendre. Le conservatisme en éducation permet de protéger le monde et de préserver ceux qu’Hannah appelle « les nouveaux venus ». C’est une fois rompus à la culture classique qu’ils pourront innover et renouveler le monde car leur éducation aura préservé ce qui est neuf et révolutionnaire chez eux. Il s’agit donc d’un conservatisme dynamique.
Rôle de l’éducateur
L’école constitue pour l’enfant une porte d’entrée dans le monde. Elle est « l’institution qui s’intercale entre le monde et le domaine privé que constitue le foyer. » L’éducateur se doit de donner une éducation conservatrice et autoritaire car la crise de l’autorité à l’œuvre à l’époque d’Hannah Arendt (et à la nôtre ?) est liée à la crise de la tradition. Nos sociétés ont en effet un problème avec tout ce qui a trait au passé et il est donc du ressort de l’éducateur de faire le lien entre l’ancien et le nouveau.
L’éducation est l’avenir de la société
« L’éducation est une des activités les plus élémentaires et les plus nécessaires de la société humaine, laquelle ne saurait jamais rester telle qu’elle est, mais se renouvelle sans cesse par la naissance, par l’arrivée de nouveaux êtres humains. En outre, ces nouveaux venus n’ont pas atteint leur maturité, mais sont encore en devenir. Ainsi l’enfant, objet de l’éducation, se présente à l’éducateur sous un double aspect : il est nouveau dans un monde qui lui est étranger, et il est en devenir (…)L’enfant a besoin d’être tout particulièrement protégé et soigné pour éviter que le monde puisse le détruire. Mais ce monde a aussi besoin d’une protection qui l’empêche d’être dévasté et détruit par la vague des nouveaux venus qui déferle sur lui à chaque nouvelle génération ». Chapitre « La crise de l’éducation » dans La crise de la culture
Biographie
Johanna Arendt de son vraie nom, Hannah Arendt naît en 1906 à Hanovre et meurt en 1975 après avoir acquis la nationalité américaine. Profondément marquée par l’accession d’Hitler au pouvoir, elle prend conscience de sa condition juive et de l’antisémitisme. Contrainte de fuir l’Allemagne puis la France, elle éprouve un vif sentiment de déracinement et n’envisage plus le monde que comme le théâtre de luttes incessantes. Ne se considérant pas comme une philosophe mais comme un professeur de théorie politique, elle est célèbre pour ses travaux sur la politique, le totalitarisme et la modernité.
Pour aller plus loin
- Hannah Arendt, La crise de la culture, Folio Essais Gallimard, 2003