Les promesses historiques d’un gouvernement à la manœuvre

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Des engagements étatiques tellement forts qu’il faut résister à la tentation de tout attendre de l’État-providence.

Olivier Magnan, rédacteur en chef

Depuis le tout début de la crise sanitaire, cet État-providence, a priori responsable de tout, comme dans toutes les démocraties, s’est engagé à, ce sont les propos d’aujourd’hui du ministre Le Maire, « éviter “un naufrage” de l’économie ». Force est de reconnaître que les prises de parole du président Emmanuel Macron sont allées dans ce sens, elles aussi, dès sa première intervention. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, est le héraut d’un discours gouvernemental inouï dans les annales de la République.

Il s’agit désormais de tenir cet engagement, coûte que coûte.
Si, au sortir du déconfinement, la France, comme l’Italie ou l’Espagne, peut-être la Grande-Bretagne déconfinée de l’Europe – avec le même Premier ministre, nous formulons des vœux en ce sens – alignent pour bilan une hécatombe d’entreprises et un chômage insupportable, c’est la démocratie même qui serait en danger, proie de la révolte démesurée de Français/es qui ont toujours coupé les têtes depuis la Révolution, sans se soucier vraiment de l’étiquette de l’élu/e qui viendrait après.

L’assurance de ce gouvernement prend parfois des tonalités formidablement optimistes : « Nous n’avons pas de difficultés à lever de l’argent sur les marchés financiers. Nos taux d’intérêt restent à des niveaux raisonnables. » Les dispositifs mis en place pour aider les entreprises à passer le choc du confinement « seront réabondés autant que nécessaire », promet Bruno Le Maire, propos imprimés noir sur blanc dans les colonnes du Journal du Dimanche. Il parle d’« un plan de relance, aux niveaux national et européen » pour « redémarrer la machine le plus vite possible ». Les citations de celui qui tient le gouvernail dans la tempête sous l’autorité du capitaine sur la dunette se montrent tellement déterminantes qu’il faut les citer à loisir : l’État, poursuit-il sur le même ton décisif, apportera « les moyens financiers nécessaires aussi longtemps que la crise durera ».

Les chiffres ne tardent pas : en huit jours, 20  milliards d’euros de prêts garantis par l’État ont été « demandés par plus de 100 000 entreprises ». Ce sont jusqu’à 300 milliards d’euros de prêts bancaires – 15 % du produit intérieur brut français – que les autorités financières garantiront. Jusqu’à envisager de renationaliser de façon temporaire une vingtaine d’entreprises stratégiques fragilisées dont le ministre n’a pas donné les noms en citant l’aéronautique ou le tourisme.
Même un Trump ne s’est pas engagé aussi fortement.

À l’heure où les banques françaises tentent de reprendre la main sur les taux d’intérêt, il est plus que jamais vital pour les agents de cette société – entrepreneurs, patrons de grands groupes, salarié/es, institutions et fonctionnaires, retraité/es, tout le monde – de ne pas se reposer sur les promesses – sans doute sincères – d’un gouvernement, mais de faire en sorte que tous participent à cet aggiornamento laïque en bossant, en aidant à une sortie de confinement efficace, sans tricher, sans spéculer. L’argent qui ruisselle du haut vers le bas, on a déjà vu que ça ne fonctionnait pas.

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