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VERS LE HAUT est un centre d’études et d’actions dédié aux jeunes, aux familles et à l’éducation. Ce nouveau think tank élabore et diffuse des propositions dans le débat public en s’appuyant sur la participation des jeunes, des familles et des acteurs de terrain, des expériences réussies, et des études et travaux scientifiques. Le 16 novembre 2016 a eu lieu une rencontre « Mobilisation générale pour l’Education ! » au Collège des Bernardins (Paris) avec pour but de proposer un projet éducatif ambitieux pour la jeunesse, adapté aux défis du XXIe siècle. À cette à occasion, VERS LE HAUT a dévoilé les résultats du baromètre annuel « Jeunesse & Confiance 2016 », en partenariat avec OpinionWay. Ce baromètre permet année après année de mesurer l’évolution de l’état d’esprit de la jeunesse en France, en sondant 1 002 jeunes entre 16 et 26 ans, 1 027 parents d’enfant(s) de moins de 26 ans et 402 chefs d’entreprise. Nous avons retenu quelques résultats intéressants, notamment sur la question de l’optimisme de la jeunesse quant à son futur. Même si les jeunes sont satisfaits de la vie qu’ils mènent, on note une baisse sensible par rapport à l’année dernière : 68 % considèrent que leur vie correspond à leurs attentes (-6 points par rapport à 2015). De l’autre côté, les parents restent encore très inquiets : 66 % d’entre eux pensent que leurs enfants auront une vie plus difficile que la leur. On note également une confiance en baisse dans l’école, surtout pour la réduction des inégalités : 67 % des jeunes font confiance au système éducatif pour transmettre les savoirs de base (-3 points par rapport à 2015).
Ainsi, lors de cette conférence, douze propositions ont été proposées afin d’améliorer la question de l’éducation mais surtout pousser les candidats aux élections présidentielles et législatives à s’engager sur des priorités fortes et courageuses en faveur de la jeunesse. Retour sur ces nouvelles propositions.
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Impliquer tous les acteurs de l’éducation
Pour VERS LE HAUT, l’éducation ne se réforme pas par décret. Elle doit d’abord mobiliser des femmes et des hommes de tous horizons. Ainsi, famille, État, collectivités locales, mouvements de jeunesse et d’éducation, associations, entreprises, syndicats, sont invités à dépasser ensemble les blocages qui paralysent le système. Halte aux approches corporatistes ou cloisonnées qui sont décrites comme réservées aux spécialistes. Pour conclure, le groupe de réflexion soutient qu’en deux mois de négociations mobilisant des acteurs de tous horizons et après une phase de concertation en régions, il s’agira de définir au niveau national une feuille de route claire sur les grandes priorités éducatives pour la prochaine décennie.
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Le soutien aux parents, un axe prioritaire de la politique familiale
Partant du principe que les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants mais qu’ils se sentent parfois démunis face aux difficultés de l’éducation – la fragilité des familles est d’ailleurs l’une des causes majeures de la crise éducative –, plusieurs points ont été avancés afin de soutenir la parentalité et à en faire un pilier à part entière de la politique familiale française. Pour ce faire, il faudrait mettre en place une information très large sur les dispositifs proposés aux parents, un renforcement des financements et de l’évaluation des dispositifs, un changement de posture de la part des professionnels de l’éducation, une meilleure coordination et un développement des actions qui visent à renforcer à tous les niveaux les alliances éducatives. Pour accompagner ces familles en difficulté, des services de soutien et d’accompagnement doivent être mis en place gratuitement. Par exemple : des maisons des familles, des mallettes des parents, des chantiers éducation, des cafés des parents, des écoles des parents, du conseil conjugal et familial… Ces dispositifs de terrain devront être déployés à grande échelle. Enfin, le développement de crèches dans les quartiers populaires doit aussi être un moyen privilégié pour proposer un accompagnement aux familles les moins favorisées et œuvrer en faveur de l’égalité des chances, dès le plus jeune âge.
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Attirer, former et fidéliser les talents aux services de l’éducation
La France est touchée par une profonde crise des vocations éducatives. Les éducateurs, notamment les enseignants, souffrent d’un manque de reconnaissance. Pour lutter contre ce phénomène, le think tank souhaite revaloriser la vocation éducative. Cela passe par une remise à plat du temps de travail des enseignants qui tienne compte – sur une base annuelle – du temps passé devant les élèves et des autres missions, une gestion des ressources humaines qui prenne en considération les besoins et les talents, une hausse des rémunérations, une remise à plat de la formation des éducateurs et enseignants et enfin un développement des espaces d’échanges et de travail collaboratif pour sortir les enseignants de l’isolement.
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Faire des établissements la clé de voûte du système scolaire
Selon le collectif, il faut faire davantage confiance aux acteurs du terrain et les laisser prendre des décisions. Dans une logique de contractualisation avec les rectorats, ils proposent d’accorder une grande autonomie aux établissements scolaires, en responsabilisant les équipes de direction : dans le recrutement et l’évaluation des équipes éducatives, dans la définition d’un projet pédagogique adapté, à partir des orientations nationales et enfin dans l’utilisation des moyens humains et financiers pour mettre en œuvre le projet pédagogique.
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Développer les talents de chacun
De plus en plus d’élèves décrochent, ne maîtrisant plus les compétences et savoirs fondamentaux. L’enjeu de cette proposition est de permettre à chaque jeune de développer son potentiel au maximum, tout en veillant au partage de la culture française et à la réduction des déterminismes sociaux dans l’orientation. Pour l’école maternelle et primaire, un accès à l’école dès deux ans pour les familles défavorisées qui le souhaitent et qui doivent être sensibilisées à l’intérêt de cette démarche, est envisagé. Ainsi qu’un investissement massif dans l’enseignement de la lecture, de l’écriture et du calcul, mais aussi un souci de la transmission culturelle et de la personne dans toutes ses dimensions.
Pour les collèges et lycées la priorité est mise sur l’orientation : réussir à diversifier les parcours et les voies de réussite, sans enfermer les jeunes dans un schéma unique.
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Développer les formations techniques et professionnelles comme voies d’excellence
Afin de lutter contre la dévalorisation des filières professionnelles, VERS LE HAUT propose une refonte totale de l’enseignement professionnel, particulièrement du Bac pro, pour qu’il privilégie une vraie pratique du métier dans des conditions réelles. Ainsi qu’un renforcement des dispositifs d’accompagnement éducatif des jeunes en apprentissage de niveau CAP/Bac pro. Enfin, le collectif interpelle les entreprises et souhaite que ces dernières mettent en place des programmes « hauts potentiels » pour les jeunes qui sont embauchés après une formation courte, et veillent à proposer de meilleurs parcours d’ascension sociale à leurs salariés.
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Lever les obstacles qui freinent l’entrée des jeunes dans la vie active
VERS LE HAUT soutient la pérennisation de la « Garantie jeunes » pour les jeunes en recherche d’emploi qui ne peuvent pas bénéficier du soutien de leur famille, en insistant sur la nécessité d’un accompagnement intensif vers l’emploi. Il souligne la multiplicité des acteurs et des modes d’intervention qui rend les choses inefficaces et préconise une simplification drastique des dispositifs d’aide à l’emploi des jeunes.
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Permettre à chacun de bien partir dans la vie, notamment les plus fragiles
La question du logement a été évoquée, le collectif étant bien conscient que cela reste une problématique pour de nombreux étudiants. Ainsi il demande le lancement d’un plan d’urgence pour le logement des moins de 25 ans et un renforcement de la fluidité du logement social en faveur des jeunes générations. Pour les étudiants bénéficiant de l’Aide sociale à l’enfance, il demande une pérennisation ou le déploiement de « contrats jeunes majeurs » à l’échelle nationale, afin d’accompagner les étudiants au-delà de leur majorité.
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Simplifier la gouvernance des politiques éducation/jeunesse
Le collectif propose la création d’un grand ministère de l’Education et de la Jeunesse, une fusion des ministères de l’Education nationale et de la Jeunesse. Ainsi que la création d’un observatoire classant chaque année les initiatives des collectivités locales afin de faire remonter les bonnes pratiques et d’en favoriser l’évaluation et la diffusion.
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Mettre le numérique au service de l’éducation
Nous ne pouvons plus l’ignorer, notre société est profondément transformée par le numérique et le développement technologique. Ainsi, VERS LE HAUT plaide pour un financement accru de la recherche (notamment en neurosciences) pour mieux mesurer l’impact du numérique sur l’éducation et pour innover de façon intelligente. Mais aussi un investissement renforcé dans la production des contenus éducatifs numériques français. Par ailleurs, il rappelle qu’il est indispensable de renforcer la formation des enseignants aux pratiques liées au numérique et l’appui aux parents et aux éducateurs sur les nouvelles questions éducatives liées à la généralisation des écrans.
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Eduquer les jeunes dans toutes leurs dimensions
VERS LE HAUT ne veut plus réduire la question éducative à la question scolaire : il plaide donc pour la prise en compte du jeune dans toutes ses dimensions. Ainsi, il faudrait développer, au sein de l’école ou dans les autres cadres éducatifs, l’éducation bienveillante ; la gestion des émotions ; la découverte du silence et de l’intériorité ; le travail en équipe et la coopération ; l’ouverture culturelle et spirituelle ; le respect et le soin du corps et de l’environnement.
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Eduquer pour vivre, grandir et construire ensemble
L’éducation ne doit pas être vue uniquement comme un bénéfice personnel, mais aussi comme un levier pour renforcer ce qui nous rassemble et donner des fondations solides à un projet d’avenir partagé. Le think tank invite notamment à miser sur la culture et les humanités et à renforcer la cohésion sociale au sein des établissements scolaires. Pour ce faire, la sollicitation des associations, du service civique ou encore du parrainage jeune-salarié, du parrainage de proximité, des mouvements d’éducation populaire basés sur le service des autres sont fortement conseillés.
Marie Bernard