Temps de lecture estimé : 5 minutes

Quels que soient les revenus du foyer, il est important de définir la part, même minime, au don afin de mieux gérer le budget familial. Conseils et astuces pour se mettre d’accord sur la somme et le type de don à consacrer aux associations.

 

Soutenir et suivre des associations a de quoi devenir un très beau projet structurant pour toute la famille. Mais il est important de déterminer ensemble la place que prendra ce don dans le budget familial.

 

Donner ensemble ou chacun de son côté ?

Avant de se lancer dans les calculs savants, il convient de décider si on souhaite donner ensemble ou chacun de son côté car il arrive parfois que les époux, et même les enfants, ne soient pas sensibles à la même cause. « Bien sûr, les deux sont évidemment possibles, mais dans une perspective familiale, le don pourrait soutenir une dynamique collective, une envie d’aider “ensemble”. Le don vient nourrir une envie de s’impliquer collectivement dans une cause. Ainsi, la famille vient faire “cause commune” de l’aide à l’enfance en danger par exemple », explique Aurélie Jorgowski-Biard, responsable marketing et collecte de fonds de la Fondation Action enfance. « Il est intéressant d’en parler ensemble pour donner plus de sens et de force à son don. C’est aussi un moment d’échange autour de valeurs de solidarité, d’entraide au sein d’une famille », conseille pour sa part Matthieu Jeanningros, directeur de la communication et des partenariats l’éducation de l’association Petits princes.

Le don à une œuvre fait partie de l’identité d’une famille. Dans certains foyers, il existe même une vraie « transmission familiale du don ». Les gens soutiennent telle ou telle association parce que leur mère, leur père ou leur grand-mère le faisaient ou parce qu’ils sont victimes collatérales d’un handicap ou d’une maladie encore inguérissable. « Parmi nos donneurs, il y a ceux pour qui c’est une culture familiale. C’est un don réfléchi, une cause pensée. En général, les familles s’accordent pour assurer ce don au moment de Noël. C’est une forme de tradition de fin d’année », indique Ludivine de Jenlis, responsable marketing de la Fondation Jérôme le Jeune.

 

Quelle somme ? Quel type de don ?

Il ne faut pas non plus oublier de discuter de la somme à donner et d’anticiper d’éventuelles crises financières, soucis d’emplois ou maladies de longue durée. « Un don ne doit jamais mettre en difficulté un foyer, prévient Matthieu Jeanningros. On le fait lorsqu’on en a la possibilité réelle. » Et puis, il y a plusieurs manières de donner. Les modes de dons les plus courants sont des dons ponctuels (une fois par an à l’occasion des fêtes de fin d’année, par exemple) et les dons réguliers, une manière de donner sous forme de prélèvement automatique. « L’avantage de ce mode de générosité est qu’il est souple. Il se suspend quand on le souhaite, le montant est révisable à la baisse ou à la hausse à tout moment. Et pour les associations, c’est une ressource pérenne sur laquelle elles peuvent compter », note Ludivine de Jenlis.

Et puis, il ne faut pas oublier que lorsqu’on est imposable, un don correspond à une réduction de l’impôt sur le revenu. Peu de gens le savent, mais cette réduction fiscale a été instaurée par le célèbre humoriste Coluche. Après avoir lancé en 1985 les Restos du cœur, il s’est rendu compte que les plus nombreux et les plus généreux des donateurs étaient ceux dont les revenus étaient les plus bas. Rien ne les avantageait fiscalement puisque la seule possibilité de déduire de son revenu imposable les dons consentis à des associations, était proportionnelle et ne concernait donc que les gros revenus. Il a donc décidé d’étudier ce point avec des fiscalistes et le gouvernement de l’époque. Quelques années plus tard, est née la loi qui porte aujourd’hui son nom. Quant à la question « depuis quel compte partira le don (compte joint ou compte personnel de l’un des époux) », le plus simple et juste est d’opter pour le compte commun, surtout si on a choisi à soutenir une seule et même cause.

 

Estimer la « quotité disponible »

« On n’aborde pas de la même manière un don ponctuel ou régulier et un don de patrimoine », prévient Aurélie Jorgowski-Biard. Dans ce dernier cas, les questions relatives aux implications du don sont abordées le plus souvent avec le notaire de la famille. C’est lui qui oriente, conseille, interroge et s’assure que la décision de donner est mûrement réfléchie. « Au-delà des dispositifs légaux, il est toujours préférable d’organiser et de partager les souhaits que l’on a pour le temps où on ne sera plus là. Ainsi, on est sûr qu’ils seront respectés », conseille Matthieu Jeanningros. Avec ce rappel : « D’un point de vue juridique, le conjoint et les enfants sont les destinataires naturels désignés lors d’une succession, ce sont les héritiers dits réservataires. Mais il existe une part que l’on peut utiliser librement pour transmettre à une association qui s’appelle la “quotité disponible”. » L’association Petits princes (qui réalise, depuis 1987, les rêves des enfants et des adolescents gravement malades atteints de cancers, de leucémies ou de certaines maladies génétiques) a d’ailleurs élaboré une brochure pour accompagner le grand public dans cette nécessaire réflexion sur l’empreinte qu’il souhaite laisser. Disponible sur son site (www.petitsprinces.com), elle répond aux nombreuses questions qu’on se pose au sujet des multiples moyens de transmission.

 

Comment faire participer les enfants ?

Les enfants, peu importe leur âge, prendront part le cas échéant à cette initiative solidaire. En donnant de leurs jouets ou de leurs vêtements aux associations comme Emmaüs ou La Croix rouge ou encore en réservant au don une partie de leur argent de poche. « Depuis, plusieurs années, nous soutenons en famille l’Œuvre d’Orient, une association engagée auprès des chrétiens d’Orient. Nous avons opté pour un don par prélèvement. Chaque mois, nos aîné·es donnent une partie de leur argent de poche pour cette cause. C’est leur manière, à eux et elles, de participer à ce don familial », raconte Audrey, mère de quatre enfants. Dans la famille de Pierre et Rozenn, c’est un don annuel, pour Pâques, qui est fait chaque année aux Petits frères des pauvres. « C’est notre effort de Carême. Durant cette période, nous n’achetons pas de sucreries aux enfants et cette somme est consacrée à l’association », explique le couple.

« Les enfants sont généralement très volontaires et leur envie d’aider est bien réelle si on leur explique l’objectif du geste », observe et conseille Aurélie Jorgowski-Biard, qui propose aux parents de commencer par interroger leurs enfants sur ce que « donner » signifie. « Le don interroge sur le rapport à l’autre. Donc, comme tout le reste, il fait partie de l’éducation. Parler du don aboutit parfois à souhaiter un don “individuel” de la part d’un enfant par exemple. Nous donnons tous ensemble, en famille, pour une cause, mais moi, je souhaite donner pour telle autre cause, en mon nom. Pour un enfant, le don est aussi la possibilité d’affirmer sa personnalité. »

De quoi développer l’empathie chez les enfants, les amener à réfléchir sur les injustices de la vie et en quoi la générosité va amener à résoudre des situations peu enviables, à guérir des maux. « Dès le plus jeune âge, comprendre que donner fait du bien fait naître les philanthropes de demain ! » note Matthieu Jeanningros, qui souligne que, souvent, les enfants sont touchés par la cause des Petits princes car ils arrivent facilement à se projeter sur ce qui est possible pour eux et ne l’est pas pour des enfants malades. Sensibilisés ainsi à une cause, les enfants sont naturellement forces de proposition et organisent volontiers des collectes à l’école, participent aux campagnes de diverses associations ou font même un don à la place d’un cadeau d’anniversaire.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.