Aimer sereinement quand on est un hypersensible ?

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« Hyperamoureux », « hyperattachés » et parfois « hyperblessés », tout est « hyper » quand on est un hypersensible. Comment concilier cette hypersensibilité et amour que l’on porte à son conjoint ou à ses proches ? Réponses avec Stéphane Clerget psychiatre, chercheur et praticien hospitalier.

Les hypersensibles vivent dans un monde où chaque sensation, chaque événement de la vie les touche plus que la moyenne des individus. En s’appuyant sur de nombreux cas cliniques, le Dr Stéphane Clerget décrit dans son ouvrage Hypersensible, hyperamoureux ? (Ed. La Musardine) les spécificités de ces personnes dans leurs relations affectives (hyperattachement, hyperréactivité, hyperinquiétude…). Il montre bien les obstacles qui se dressent pour eux et elles à l’encontre d’une vie amoureuse épanouie et/ou d’une relation saine avec les autres (anxiété, peur de souffrir, susceptibilité, jalousie, dépendance, pensées obsédantes…). Des prédateurs existent dont ils doivent se méfier.

Décrivez-nous une personne hypersensible

Il existe deux profils.

Une personne introvertie, un peu maniaque, qui s’exprime assez peu et passe parfois pour quelqu’un de distant mais qui au fond d’elle ressent les choses très vivement. Cette personne s’angoisse facilement, s’inquiète pour ses proches et préfère éviter les histoires d’amour de peur de trop souffrir.

Le second profil concerne plutôt les personnes extraverties. Elles vont rire facilement, pleurer devant un film dramatique, se montrer très cœur d’artichaut et dépendantes sur le plan affectif. Qu’on soit extraverti·e ou introverti·e, les émotions sont ressenties avec une intensité extrême.

Quelle est l’influence de cette sensibilité sur les relations avec les autres ?

Tous les émois sont intenses. On est à fleur de peau et à vif avec ses proches. Se présentent donc parfois des situations qui sont dures à vivre. On peut être inquiet·e pour ses enfants de manière excessive. L’adolescence de l’enfant est vécue par le parent hypersensible avec plus de difficultés et ses réactions sont parfois vives.

Il en est de même dans l’amitié. L’hypersensible a souvent besoin de l’exclusivité, il·elle est jaloux·se…

En couple, se créent des malentendus chez le ou la partenaire qui ne comprend pas toujours les réactions de sa moitié. Chez la personne hypersensible, une relation amoureuse crée beaucoup de joie. L’amour est vécu par elle avec plus d’intensité. Mais lorsqu’il des difficultés naissent au sein du couple ou que survient une rupture, l’hypersensible souffre beaucoup, jusqu’aux idées noires.

Comment envisager une relation amoureuse durable alors ? 

Cette relation va durer lorsque la personne est comprise par son ou sa partenaire et qu’il ou elle ne cherche pas à profiter de sa sensibilité ni à la faire souffrir. Mais pour cela, il faut beaucoup communiquer, informer l’autre sur son fonctionnement pour lui donner un décodeur.

La personne hypersensible pourrait envisager un travail sur soi pour réussir à maîtriser un tant soit peu ses émois. Elle doit aussi veiller à ne pas tomber dans les pièges dans lesquelles les hypersensibles tombent souvent : la dépendance affective, la manipulation au nom de l’amour. Les hypersensibles doivent se méfier de multiples prédateurs. Par exemple, les pervers narcissiques qui vont facilement abuser des dépendants affectifs pour jouir de leur souffrance. Les vampires psychiques, eux, vont pomper toute leur énergie.

Comment entretenir une bonne relation avec une personne hypersensible ?

Il faut s’informer sur le sujet, se montrer le plus transparent possible avec une telle personne car elle risque de mal interpréter les choses. Il faut aussi se montrer rassurant et éviter les faux-semblants. Surtout, ne pas paniquer lorsqu’ils se manifestent des démonstrations de sensibilité, ne pas avoir peur des excès d’émotions ni s’emporter. Il faut garder le contrôle face à quelqu’un d’émotif, inutile de réagir en miroir.

Les parents seront attentifs à leurs enfants. Certain·es sont considéré·es comme hyperactif·ves alors qu’ils·elles sont en réalité hypersensibles. Beaucoup de faux diagnostics portent sur des enfants très agités qui sont en réalité impactés par leur environnement familial. Ils et elles ont du mal à se concentrer car ils·elles sont pris·es par leurs émotions. C’est aussi vrai pour les enfants qui ont l’air tout le temps en colère. Et puis, il ne faut pas oublier que l’hypersensibilité ne touche pas uniquement à l’émotionnel, elle est aussi physique.

Comment faire de son hypersensibilité une force ?

Il faut connaître les événements qui nous font réagir et de quelle manière, savoir pourquoi on réagit de telle manière dans telle situation. L’hypersensibilité devient une force quand on se connaît bien et maîtrise bien ce qui nous stimule pour prévoir en avance notre réaction. Les émotions sont aussi un moyen de créer du lien, de la vie, de l’animation. Les gens hypersensibles véhiculent beaucoup d’émissions et donnent un souffle de vie à ceux qui en manquent. C’est une force émotionnelle qui a de quoi animer les autres et être source de création artistique. Mais cette énergie ne sera une force que si elle est bien dirigée.

Propos recueillis par Anna Guiborat

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