Gérer les désaccords du couple

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« Tu t’y prends mal… » Bien élever leurs enfants, tous les couples le veulent. Mais comment gérer des désaccords sur la bonne méthode ? Et ne pas faire souffrir toute la famille ?

Naguère, les rôles au sein du foyer étaient repartis. La mère s’occupait du « ministère de l’Intérieur » et le père des « Affaires étrangères ». L’éducation des jeunes enfants était alors confiée à la mère, assez souveraine dans ce modèle éducatif. Le père intervenait surtout auprès des garçons déjà un peu plus grands. Aujourd’hui, la parité pousse les deux parents à se prononcer sur le modèle éducatif. D’où risques de conflits. Pas toujours mineurs. Pourtant, compromis et négociations résolvent facilement la divergence. Si les deux parents jouent le jeu à fond.

Pourquoi l’éducation des enfants amène-t-elle aux conflits ?

« On observe des couples où les deux parents adoptent des principes similaires, peu de conflits sont alors occasionnés. Mais ces situations sont extrêmement rares dans la mesure où chaque parent a reçu un mode éducatif a priori différent, explique le psychiatre et praticien dans le service de psychiatrie enfantine à l’hôpital de Cergy-Pontoise, Stéphane Clerget. Les deux parents vont aussi avoir tendance à affirmer une certaine singularité comme pour donner un dynamisme au couple et un dynamisme à l’éducation. Parfois, un parent va s’opposer à l’autre plus par ouverture que par principe. On observe ainsi des inversions de rôles. Il arrive qu’un parent soit sévère, ce qui va pousser l’autre à l’être moins. Et réciproquement. »

Au fond, chaque parent est convaincu du bien-fondé de ses principes. Il considère qu’il est « dangereux », « nocif », de ne pas éduquer son enfant comme il ou elle le pense. Il ou elle a à cœur de faire de son enfant un être épanoui en fonction de ses critères. « Mais il ne faut pas oublier que, parfois, des modes éducatifs différents revêtent le même objectif », souligne le docteur Clerget.

En outre, chacun est influencé par son passé, le modèle éducatif qu’il ou elle a reçu. Chaque parent pourrait craindre que son enfant ne revive ce qu’il ou elle a vécu. Au contraire, vouloir qu’il/elle soit éduqué/e de la même manière. « Mais les choses sont parfois très complexes et paradoxales, prévient le Dr Clerget. Un homme, élevé par une mère très sévère, va mal réagir quand sa femme sera sévère avec son enfant. Mais le paradoxe, c’est qu’il a épousé une femme qui ressemble à sa mère… »

L’enfant au milieu des querelles parentales

L’éducation de l’enfant risque encore de devenir un prétexte pour exprimer un désaccord ou un mal-être au sein du couple. « Parfois, l’on reproche à l’autre son modèle éducatif. Mais le vrai reproche est d’une autre nature. On regrette, par exemple, que l’“autre” soit trop “sur le dos” des enfants. Or le vrai reproche est que l’“autre” ne passe pas assez de temps à nos côtés », décrypte Stéphane Clerget. À l’extrême, ces conflits sont susceptibles d’aboutir à la fin du couple.

Quant à l’enfant, s’il n’est pas impacté par les désaccords entre ses parents (car la fine mouche sait très bien parfois en tirer profil pour obtenir ce qu’il/elle souhaite), il souffre forcément des conflits qui brisent le couple parental. « Chaque critique de l’un des parents envers l’autre est vécue par l’enfant comme une attaque personnelle car il se sent l’union des deux parents », rappelle le psychiatre. Règle fondamentale : ne pas attaquer ni critiquer l’autre parent devant l’enfant.

Quelles solutions pour améliorer la situation ?

D’abord, ne pas nier les désaccords mais, au contraire, les ériger en source de richesse plutôt que de fragilité. Aujourd’hui, les principes de l’éducation ont beaucoup évolué. L’éducation n’est-elle pas devenue une vraie science, surtout en France ? Il ne faut donc pas avoir peur de l’échange sur l’éducation avant et après la naissance de l’enfant. Il faut aussi en parler au fur et à mesure qu’il/elle grandit. « Chacun doit exercer un travail sur lui-même pour essayer de comprendre ses positions éducatives en fonction de l’éducation qu’il a reçue », conseille Stéphane Clerget, auteur d’un tout nouvel ouvrage, Ados, le décodeur (ed. Leduc. s).
Surtout, ne pas s’affoler des divergences. Chacun a le droit de garder vivants ses principes éducatifs tant qu’ils ne contredisent pas la loi ni mettent l’enfant en danger. Mais il faut se mettre d’accord sur les objectifs. Il faut expliquer à l’enfant les règles à suivre avec maman, celles qu’il faut suivre avec papa et celles qu’il faut suivre avec les deux parents. Pas d’inquiétude : l’enfant s’adaptera parfaitement aux règles de chacun. Il prépare son cheminement d’adulte, fait de compromis…

Anna Guiborat

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