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Le confinement physique – « en prévention » – se révèle en fait un danger direct et invisible pour le corps.
«Même si je suis issue d’une famille très « rugby », je m’opposais à ce que mon mari inscrive Sacha dans un club. J’avais peur pour son intégrité physique. J’ai finalement cédé et je m’aperçois que mon fils se sent mieux dans sa peau, se développe physiquement et lie des amitiés en parallèle de l’école », reconnaît Françoise Lopez, mère d’un garçon de 5 ans à Clermont-Ferrand. La prison de verre dans laquelle certains parents installent leur enfant ne s’avère pas qu’un frein à leur développement social et psychologique, elle est aussi un danger direct pour leur santé selon les études.
Sueur et bonne humeur
Car en jouant dehors, en transpirant et en s’égayant avec des amis, le petit bout améliore sa condition physique – taux de cholestérol, pression sanguine, densité corporelle… Il risque certes le bobo en tombant, ou la bagarre avec un de ses semblables, mais il s’oxygène et ne passe pas ce temps assis devant les écrans. La sédentarisation de la jeunesse n’est pas anecdotique. Des professionnels de l’éducation infantile affirment par exemple que dans les garderies, certains enfants sont un peu plus « maladroits » parce qu’ils n’ont pas terminé de développer une partie de leurs fonctions motrices.
L’immunité, sujet invisible
Pour d’autres parents, c’est la phobie des microbes qui les conduit à isoler leur enfant coûte que coûte. « Ceux qui ont eu un grand prématuré ont par exemple appris à être obsédés par les bactéries ; mais les risques actuels sont ailleurs », précise Adeline Rioux, pédiatre à l’hôpital nord-ouest de Villefranche dans le Rhône. Selon elle, la suppression des bacs à sable est symptomatique : « Les saletés n’ont pas un impact sur les enfants au quotidien. Nous ne vivons plus à la ferme. Le monde dans lequel nos bambins évoluent est toujours plus aseptisé à ce niveau, protecteur grâce aux vaccins. Les petits bouts sont moins victimes de bactéries et ceux qui vivent dans une bulle ne développent pas leur immunité. » En effet, des études récentes démontrent que l’enfant, de zéro à 3 ans, constitue sa « flore commensale ». Durant ce laps de temps, il va être en contact avec des bactéries que son organisme va conserver dans son microbiome intestinal pour la vie. Après ces trois années, le système immunitaire fait barrage. Les bactéries, stabilisées dans le corps, auront des vertus insoupçonnées sur les fonctions cérébrales, l’humeur, l’intellect… Et les scientifiques découvrent que les nourrissons qui constituent un microbiome riche et diversifié seront mieux armés contre les maladies auto-immunes… Ainsi les hygiénistes qui dénoncent les bacs à sable comme des nids à déjections de pigeons, de chats et donc à microbes, n’ont pas forcément raison sur toute la ligne. Bien sûr, ratissages quotidiens, retournements trimestriels, désinfections sont nécessaires. Mais aujourd’hui, les bactéries ne sont pas le grand problème des enfants. « Fréquentant plus la crèche, ils sont bien plus en contact avec les virus. Les nourrissons n’ont plus de pneumonies mais enchaînent les bronchiolites », déplore Adeline Rioux. Des inflammations, cumulées à une pollution décuplée et à une modification des protéines par l’industrie alimentaire, facilitent surtout les allergies. Le danger n’est donc pas forcément là où on l’attend au premier abord. En outre, les « sols souples » qui remplacent les bacs à sable – composés de pneus recyclés, de caoutchouc et d’élastomères – sont-ils vraiment meilleurs pour l’environnement et la santé de nos enfants ?
Julien Tarby