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Gérard Aussoleil est psychothérapeute depuis plus de quarante ans. Spécialisé dans l’orientation scolaire, il a mis au point une méthode originale pour aider les jeunes à trouver leur voie. Rencontre..
Pouvez-vous nous expliquer votre méthode d’orientation ?
Je m’appuie sur trois disciplines, la morphopsychologie, la morpho-chirologie et la graphologie, qui me permettent de voir l’être humain dans une dynamique holistique, c’est-à-dire de le considérer comme un tout dans une dynamique de progression.
En quoi consistent ces disciplines ?
La morphopsychologie étudie les volumes du visage, la morpho-chirologie ceux de la main, et la graphologie l’écriture. Grâce à la conjugaison de ces trois disciplines, je dégage une analyse de la psychologie de la personne et définit ensuite son orientation.
Comment les volumes de notre visage et de nos mains peuvent-ils donner des indications sur notre psychologie ?
Les volumes de notre visage et de nos mains dépendent de la forme de notre squelette, qui est elle-même déterminée par notre patrimoine génétique. Or notre tempérament est lié à notre patrimoine génétique. Ces volumes seront aussi déterminés par la dilatation ou la rétraction des chairs qui enrobent l’ossature. J’y décèle l’interaction de l’individu avec son environnement. C’est la loi du Docteur Rigaud : une cellule se dilate en milieu favorable et se rétracte en milieu défavorable. Je déchiffre à la fois l’inné et la réaction à l’environnement.
Pourquoi en particulier le visage et les mains ?
Dans notre cerveau, une zone, appelée scissure de Rolando, sépare le cortex sensitif du cortex moteur. Toutes les impulsions neuronales du cortex sensitif envoient des informations dans le cortex moteur qui va, lui, envoyer des informations dans tout le corps. Or cette zone appelée scissure de Rolando est représentée par la main et le visage à 80-90 %. C’est dire combien les influx neuronaux irriguent la zone de la main et la zone du visage, et plus particulièrement de la bouche. Donc, beaucoup d’informations sur le squelette et l’interaction avec l’environnement me sont données grâce à ce phénomène neurologique.
Quelles informations la graphologie donne-t-elle sur une personne ?
L’écriture, sa forme, la pression avec laquelle les lettres sont tracées, me donnent des informations sur la personne dans le présent. En comparant ses deux écritures, une écriture passée et une écriture présente, j’obtiens des informations sur son évolution, sur la direction qu’elle prend.
Ces trois disciplines livrent-elles nécessairement des informations homogènes sur la personne ?
Chacune des trois disciplines me donne des informations très différentes et il m’arrive assez souvent, peut-être deux à trois fois sur dix, de recueillir des informations presque opposées. Par exemple, un visage et une main peuvent me montrer une personne extrêmement tonique et volontaire alors que son écriture révèle une personne lymphatique. Ce sont des informations cruciales ! Cela veut dire que potentiellement cette personne a du ressort, mais qu’elle est annihilée par sa psychologie ou divers mécanismes de peur qui font qu’elle ne montre pas toutes les potentialités qui sont en elle, voire même qu’elle ne projette pas des envies, des désirs qui sont plutôt plus conformes à sa personnalité profonde. Si je ne me référais qu’à une seule discipline, par exemple dans ce cas à l’écriture, je dirais qu’il lui faut un métier plutôt statique. Mais grâce à cette approche pluridisciplinaire, je constate un décalage et je vais donc lui proposer un métier qui va la dynamiser, l’aider à prendre confiance en elle, l’aider à développer ses véritables capacités profondes et donc l’aider à mieux s’épanouir.
Mais alors, si nous suivons votre théorie, cela voudrait dire que tous les médecins ou tous les comptables qui seraient passés entre vos mains pour s’orienter auraient le même physique !
Non, parce que l’orientation ne s’appuie pas sur des critères stables de la morphologie mais plutôt sur une combinaison dynamique de paramètres. Par exemple, pour vous donner un ordre d’idée, dans le visage il y a peut-être cent paramètres que je conjugue. Je ne les ai jamais comptés, mais il y en a au moins cent. Dans la main, il y en a au moins cinq cents. Dans l’écriture, il y en a peut-être deux cents ou trois cents. Il est donc possible d’avoir des visages très différents et d’être faits pour le même métier.
Qu’apporte votre approche par rapport aux tests d’orientation, qui semblent plus rationnels ?
Précisément, les tests classiques s’appuient trop sur une logique rationnelle et n’ont pas une vision suffisamment holistique de la personne. Je dirais qu’ils ne sont pas optimaux : ils donnent une projection de l’équation de l’individu dans l’instant, tandis que les trois disciplines sur lesquelles je m’appuie donnent des informations sur la dynamique en devenir de la personne. Les tests ont une valeur en tant que tels, mais sont incomplets et trop liés à la subjectivité de l’instant de la personne.
Vous pensez que l’on ne répond pas objectivement aux questions posées dans les tests d’orientation ?
Oui ! On peut répondre en fonction d’un conditionnement culturel, d’un conditionnement social, en fonction de ce que nos parents attendent de nous, en fonction de ce que nous croyons pouvoir nous convenir. Ces tests ne sont pas liés à une dimension essentielle à mon sens, qui est celle de l’inconscient. Par exemple, une personne qui a un complexe d’infériorité s’orientera inconsciemment vers des métiers qui ne la mettront pas trop en présence d’autres personnes. Si j’observe son inconscient, je vais me demander si c’est un sentiment de timidité conjoncturel, s’il est étranger ou non à sa personnalité profonde.
Vous arrive-t-il de conseiller une orientation différente de celle que vos clients envisageaient ?
Environ dans un cas sur deux !
C’est énorme ! Et comment réagissent vos clients dans ce cas ?
Mes clients viennent essentiellement sur les recommandations d’un proche qui a éprouvé ma méthode, ils me font donc confiance, mais certains sont parfois désarçonnés. J’ai un jour conseillé à une jeune fille de devenir architecte. Mon conseil ne lui a pas plu du tout. Elle a quitté mon cabinet furieuse, puis m’a rappelé quelques années plus tard pour me dire qu’elle était en quatrième année d’architecture, qu’elle était major de sa promo et qu’elle était très heureuse !
Les parents non plus ne doivent pas toujours entendre ce qu’ils auraient souhaité !
En effet ! Je me rappelle qu’un couple très brillant, lui professeur de philo et auteur reconnu, elle professeur de droit et grande avocate internationale, m’a présenté son fils de 15 ans dont la scolarité était très médiocre. Je les ai scandalisés en leur annonçant que je voyais bien leur fils dans les eaux et forêts. Quinze ans plus tard, ils m’ont appris que leur fils était devenu directeur général des Eaux et Forêts de toute l’Afrique du Sud et qu’il était heureux comme un pape. Cette histoire date un peu mais aujourd’hui encore, certains parents ont des attentes pour satisfaire leur idéal d’enfant.
Pourquoi des parents contrariés ou désappointés par l’orientation que vous trouvez pour leur enfant vous écoutent-ils quand même ?
Parce que je ne me contente pas de donner une orientation pour leur enfant. Auparavant, je décris son tempérament, à partir duquel je vais me déterminer pour lui indiquer une orientation. Et la plupart du temps, les parents retrouvent leur enfant dans la description que je fais de son caractère. J’ai récemment reçu un jeune homme, élève en terminale S, qui voulait finalement se lancer dans des études de philosophie. Mon analyse a confirmé qu’il était très bien orienté en série scientifique. Grâce à la description que j’ai faite de son caractère, ses parents ont compris pourquoi je n’orientais pas leur fils vers des études de philosophie. Ce n’est pas parce qu’on aime la philo, qu’on a de bonnes notes, qu’on est fait pour se lancer dans des études de philosophie !
Donc, a contrario, nous pouvons imaginer que ce n’est pas parce que nous avons des notes un peu justes en mathématiques que nous ne sommes pas faits pour une carrière scientifique ?
Absolument. Les professeurs s’appuient beaucoup sur les notes et non pas sur une vision générale de l’élève pour l’orienter. Mais ce n’est pas leur rôle ! Un élève moyen en maths peut faire un très bon ingénieur plus tard, et un élève très bon dans les matières scientifiques peut perdre son temps dans une série S alors que la série L lui conviendrait mieux pour préparer son avenir.
Vous arrive-t-il de recevoir des adultes qui se posent des questions d’orientation au beau milieu de leur parcours professionnel ?
Oui ! Certains adultes ont besoin de faire le point parce que leur situation professionnelle ne leur convient pas ou plus. On peut avoir choisi un métier pour combler des lacunes ou certaines frustrations narcissiques, et une fois que ce métier a nourri cette zone de souffrance il ne nous intéresse plus, on souhaite donc changer. Mais plus fréquemment, ce sont des personnes qui ont choisi un métier en fonction des débouchés, des désirs de leurs parents ou des notes qu’ils avaient obtenues en classe, etc. Et lorsqu’ils se retrouvent dans la vie professionnelle, ils se rendent compte que cela ne leur convient pas du tout.
Justement, que pensez-vous des articles de presse qui titrent sur les meilleurs débouchés, les métiers d’avenir ?
Je ne me sens pas à l’aise avec ces articles-là. Pour moi, le vrai métier d’avenir, c’est celui qui va conjuguer nos véritables potentialités avec l’environnement.
3 questions à Amélie T., mère de Roméo
Pourquoi avoir fait appel à un conseiller en orientation ?
Mon fils était en terminale. Il devait prendre une décision pour son orientation postbac et hésitait entre deux voies totalement différentes : ingénieur en mécanique ou école de commerce. Nous étions un peu perdus.
Qu’avez-vous pensé de la méthode utilisée par Monsieur Aussoleil ?
Curieusement, je désirais connaître son avis mais craignais néanmoins l’influence que cela pourrait avoir sur mon fils. Une fois dans son cabinet, j’ai été impressionnée par l’exactitude et la profondeur de son analyse. Il a parfaitement bien cerné le caractère de Roméo, cela m’a rassurée !
L’orientation qu’il a conseillée vous a-t-elle étonnée ?
J’étais ouverte à tout, mon fils n’ayant jamais été scolaire. Je pensais qu’il allait le diriger vers un métier manuel tel que menuisier ou électricien, mais pas du tout ! Il lui a conseillé de devenir ingénieur en mécanique pour travailler sur des projets de voitures environnementales. Sa méthode lui a permis de comprendre que si Roméo avait besoin d’un métier pratique, un métier uniquement manuel ne l’aurait pas épanoui.
3 questions à Roméo, 19 ans, étudiant en première année de MIME (Maths Informatique Mécanique Électronique) à l’Université Pierre et Marie Curie (75)
Quel était ton état d’esprit en te rendant à cette séance d’orientation ?
J’espérais repartir avec des conseils précis. J’avais déjà consulté un conseiller en orientation dans mon collège à la fin de la troisième. Il m’avait proposé plusieurs pistes très différentes : l’armée, la police, psycho ou ingénieur en mécanique. J’étais perdu !
Que t’ont apporté les conseils de Monsieur Aussoleil?
Il a confirmé la voie vers laquelle j’hésitais à me tourner. Je lui ai fait confiance parce que l’analyse qu’il a faite de ma personnalité était très juste. Et il m’a aidé à mieux me comprendre moi-même.
Qu’aurais-tu fait s’il t’avait conseillé une voie à laquelle tu n’avais jamais songé ?
L’adéquation entre son analyse de ma personnalité et la voie qu’il m’a conseillée de suivre est telle que je ne vois pas vers quelle autre orientation il aurait pu me diriger !
Propos recueillis par Elisabeth Caillemer du Ferrage
Votre article que je viens de lire sur internet m’intéresse car je cherche quelqu’un pour aider ma fille à s’orienter rapidement.Ou m’adresser pour avoir quelqu’un de sérieux. Ou êtes -vous situé? Que coûte ce teste car j’ai peu de moyens?
Cordialement