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La crise sanitaire a bouleversé de nombreux secteurs économiques dont celui du tourisme et des séjours linguistiques. À l’heure où rien n’est sûr et où les scientifiques évoquent une potentielle deuxième vague dès le mois d’octobre, voici quelques alternatives aux séjours linguistiques à l’étranger.
« Le secteur des séjours linguistiques a été terriblement impacté. Il est sinistré ! » se désole Gérard Deshayes, président de L’Office. Depuis 1997, cet organisme, soutenu par le ministère de l’Éducation (et la Commission européenne), multiplie les missions d’information, de conseil, de contrôle, de labellisation et de professionnalisation du secteur des séjours linguistiques. Il s’agit de garantir à tous (élèves/étudiants, parents et établissements scolaires), la réussite de séjours linguistiques et éducatifs efficaces. Mais aujourd’hui, ce mastodonte du secteur se montre pessimiste pour l’année 2020. « Notre diagnostic collectif est que cette année sera catastrophique », confirme Gérard Deshayes. Tous les voyages qui ont en général lieu entre mars et juin ont été annulés, tout comme les séjours longs ou encore dans des pays dont les frontières restent encore fermées, comme aux États-Unis. Les pertes dans le secteur s’évaluent à plusieurs dizaines de millions d’euros. Raison pour laquelle l’Office a décidé de baisser la cotisation de ses membres – comme Dialog, Telligo, ECI, WEP, Silc, Calvin Thomas, JEV Langues, Civi-Ling, AILS, Atout Linguistique, Langues Vivantes, La Ligue de l’Enseignement, YFU France, Kaplan, Eurocentres Paris, BEC, GSL, Terre des Langues, Oliver Twist Work & Stud – pour qu’ils puissent adhérer à la maison mère qui les soutient.
Si, à la rentrée, des voyages vont redémarrer, le président de l’Office estime que cette perspective favorable ne concernera que 10-15 % de l’activité du secteur. « Nous misons tout sur 2021 ! » La situation est anxiogène pour tout le monde, mais Gérard Deshayes refuse de baisser les bras : « Avec les mesures sanitaires prises, si l’épidémie devait reprendre, l’identification des foyers et les précautions mises en œuvre pour tester et tracer les malades devrait sécuriser ceux et celles qui ne sont pas dans ces foyers. » Selon lui, l’apprentissage des langues à distance ne saurait se comparer à un séjour linguistique, moyen unique d’approfondir ses connaissances linguistiques mais aussi de découvrir une nouvelle culture et un nouveau mode de vie. Il défend donc l’idée que les enfants peuvent/doivent partir en séjour linguistique : « Les autorités sanitaires nous indiquent qu’ils.elles sont très peu en danger face à la covid-19. Tout ce qui relève du domaine du tourisme, séjours linguistiques compris, est encadré de manière très stricte à coups de mesures de distanciation, par le port du masque, le lavage de mains, etc. Si les parents et leurs enfants ont bien vécu le retour à l’école et ont été satisfaits de la manière dont il a été mené, pourquoi les séjours linguistiques ne pourraient-ils pas reprendre puisque les mêmes mesures sont mises en place ? » À condition de rester vigilant et de suivre les consignes des autorités françaises et étrangères pour préparer le séjour linguistique des juniors.
Des séjours en one to one pour plus de sécurité
Si, en octobre-novembre, le monde ne connaît pas de « deuxième vague » ou de prolongation du premier plateau épidémique, il sera possible d’envoyer son enfant, comme prévu, en séjour linguistique à l’étranger. Aux parents très soucieux, Your Welcome conseille la formule « chez le professeur ». « L’élève vit chez l’enseignant.e et n’a de contact qu’avec lui ou elle et sa famille. Cette formule a de quoi rassurer de nombreux parents car moins risquée qu’un séjour en école où les cours se déroulent en groupe et où les élèves vivent en résidence », note une conseillère de vente. Mais attention, si la formule « one to one » se montre très efficace, car source de progrès fulgurants, elle demande aussi de l’autonomie et de la maturité. Il vaut mieux donc de ne pas y envoyer son enfant avant ses 13 ans.
Les familles peu emballées à l’idée de voir son enfant partir à l’étranger mais qui désirent pour lui.elle un séjour en immersion, devraient se tourner vers la Route des langues. L’organisme propose des séjours linguistiques en France (pour les enfants et ados de 9 à 18 ans). Les meilleures familles d’accueil britanniques vivant en France reçoivent des enfants pendant les vacances. Les progrès linguistiques se concrétisent à travers la pratique quotidienne et des cours particuliers d’anglais réservés en option. Une formule qui est également proposée par Activa Langues, depuis 2008.
Autre possibilité : ouvrir son foyer au monde en accueillant un.e.ne étranger.ère, âgé.e de 14 à 18 ans. Une expérience enrichissante pour toute la famille : découvrir une nouvelle culture, une belle amitié à l’international et des moments de partages mémorables. En optant pour cette formule, il est possible de bénéficier d’une bourse STS pour le séjour de son enfant dans le cadre du programme STS High School (Études à l’étranger dès le lycée). La durée de l’accueil du.de la jeune étranger.ère va jusqu’à 10 mois.
Des colonies de vacances 100 % english
Les enfants ont besoin de vivre en collectivité, surtout après plusieurs mois de confinement. C’est pourquoi les camps de vacances linguistiques représentent une bonne alternative aux séjours à l’étranger. Chez American Villages, la formule existe partout en France (en Aquitaine, en Bretagne, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, dans le Limousin, en Midi-Pyrénées, en Normandie, dans les Pays-de-la-Loire, en Poitou-Charentes ou encore en Rhône-Alpes et même à Neuilly, en formule sans hébergement). Les American Villages cumulent un recul de plus de 20 ans dans l’immersion dans une langue étrangère, tout en restant en France. Ces séjours accueillent les enfants de 7 à 17 ans pendant les vacances scolaires. Une véritable immersion dans le monde américain ou britannique est assurée ! Tous.tes les professeur.es et animateurs.trices sont natif.ves ou bilingues et font vivre aux enfants une expérience authentique et inoubliable.
Et pourquoi ne pas envoyer son enfant en séjour linguistique dans un véritable château en France ? N’est-ce pas le plus bel endroit pour apprendre ? Grâce à une méthode conçue et expérimentée par ses équipes pédagogiques depuis plus de 35 ans, Châteaux des langues garantit des progrès réels, approfondis et durables. Ce centre linguistique qui enseigne l’anglais et le français sous forme de stage convient aussi bien aux adolescent.es et étudiant.es qu’aux adultes. Les jeunes gens sont logés sur place en chambre de deux à quatre. Chacune est équipée de sa propre salle de bains. Le centre linguistique se compose de nombreuses salles de cours, de quoi changer de pièce pour chaque activité, de maintenir le dynamisme de la journée et partant, la concentration. De multiples activités (tennis, pétanque, badminton…) au pogramme. Un stage d’anglais à Châteaux des langues, c’est aussi l’occasion de revenir « au vert ».
Depuis le début de la crise sanitaire, Action séjour a également mis en place des colonies de vacances en France. « Nos american camps accueillent des enfants de 6 à 17 ans et nos séjours linguistiques en France sont accessibles de 6 à 13 ans en temps normal. Mais jusqu’à nouvel ordre, nos séjours ne peuvent accueillir les enfants qu’à partir de 8 ans », précise une conseillère de vente. Ces séjours seront tous maintenus pour les vacances de la Toussaint.
Pourtant, Silc, tout comme les autres opérateurs du secteur, invite tout le monde à ne pas hésiter à profiter des séjours à l’étranger en prenant bien évidemment des précautions et en respectant les consignes de chaque pays. « Tous nos clients qui n’ont pas pu partir à Pâques vont pouvoir le faire à la Toussaint. Leur formule ne change pas », explique Action séjour. « En cas de deuxième vague ou de fermeture de frontière, il sera toujours possible de suivre des cours de langues à distance », note de son côté ESL Séjours Linguistiques. Comme le monde entier, le secteur des séjours linguistiques garde espoir qu’une crise sanitaire similaire à celle du mois de mars ne se reproduira plus.
Anna Guiborat