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Polytechnicienne, mariée et mère de quatre enfants, Esther Pivet est la coordinatrice du collectif VigiGender, qui assure un travail d’information auprès des parents et des enseignants sur la diffusion de la théorie du genre à l’école. Dans son ouvrage Enquête sur la théorie du genre, publié fin février aux éditions Artège, elle lève le voile sur cette idéologie qui règne encore sur l’école de nos enfants.
Parenthèse : Qu’est-ce que la théorie du genre et d’où viennent ses origines ?
Esther Pivet : Cette théorie a commencé à se développer dans les années 50. Elle affirme que les identités sexuelles masculine et féminine sont uniquement le résultat d’une construction sociale, sans aucune influence du corps sexué. D’après cette idéologie, c’est notre éducation qui aurait créé les différences entre les hommes et les femmes (même les différences biologiques, selon certains), qui sont considérées comme des inégalités. En déconstruisant ces différences, le corps étant considéré pour rien, les théoriciens du genre veulent effacer la complémentarité des sexes pour arriver à une indifférenciation des sexes et des sexualités.
P. : En 2016, la ministre de l’Éducation Najat Vallaud-Belkacem avait réagi aux propos du pape François qui accusait les manuels scolaires français de répandre la théorie du genre. « Je conseille au pape lors de l’un de ses prochains déplacements en France de venir à la rencontre d’enseignants de l’école française », « de feuilleter lui-même ces manuels scolaires, ces programmes et de m’expliquer en quoi il y aurait une théorie du genre, qui n’existe pas par ailleurs, dans ces livres », avait alors indiqué la ministre sur France Inter. Pourtant, dans votre ouvrage, vous affirmez que la théorie du genre s’infiltre bien dans les établissements scolaires.
E. P : Depuis presque dix ans la théorie du genre s’infiltre dans les écoles, soit de manière sournoise, derrière les justes combats pour l’égalité garçon-fille et contre l’homophobie, soit de manière explicite dans les manuels de SVT en 1ère, de sciences économiques et sociales en 2nde, et depuis deux ans d’enseignement moral et civique dès la 4e. Le fer de lance de la diffusion sournoise est la lutte contre les stéréotypes sexués, c’est-à-dire contre les traits généralement constatés chez les hommes et chez les femmes, y compris la grossesse et la maternité. Les plus jeunes assistent ainsi à des spectacles qui inversent les stéréotypes, qui les font douter de leur identité et qui mettent en scène différentes compositions familiales présentées comme équivalentes. Je pense notamment à Mon frère ma princesse, histoire d’un petit garçon qui veut devenir une fille, et à La princesse qui n’aimait pas les princes, qui part vivre avec sa fée. Si des parents souhaitent avoir des exemples concrets de la diffusion du genre à l’école, je serais heureuse de venir les présenter lors d’une conférence.
P. : Quels sont les dangers et les conséquences de cette théorie ?
E. P. : L’enfant a besoin de construire son identité de garçon ou de fille, conformément à son sexe ; il a donc besoin de repères pour que l’inné se développe : ce qu’il acquiert par la culture vient ainsi développer son potentiel naturel. Si le culturel brouille le masculin et le féminin, cela va créer des troubles psychologiques, un mal-être. En déconstruisant les stéréotypes, l’enfant va être privé de son identité, explique le pédopsychiatre Christian Flavigny. Comme pour la théorie du genre le corps sexué n’a pas de signification, les comportements sexuels avec l’un ou l’autre sexe sont présentés aux adolescents dans de nombreuses écoles comme équivalents. La sexualité prônée par l’Éducation nationale a pour seul but de prendre du plaisir pour soi.
P. : Comment les parents peuvent-ils résister à cette vague du genre ?
E. P. : D’abord s’informer sur ce qui est enseigné à leurs enfants : manuels, livres, spectacles, éducation à la sexualité… Puis, si besoin, agir à plusieurs, en disant de manière bienveillante mais ferme qu’ils ne sont pas d’accord avec tel enseignement, tel spectacle ou livre. Le plus important est que les parents aident leurs enfants à s’accueillir comme un don, à accueillir leur corps qui révèle toute leur personne et qui est fait pour exprimer l’amour et donner la vie. Qu’ils leur permettent de développer leurs qualités masculines ou féminines pour les mettre au service de l’autre, qui est à accueillir comme un don. Les différences de l’autre sexe ne sont alors plus des stéréotypes à abattre mais des richesses. Ses forces vont venir au secours de mes fragilités et vice versa. Ainsi, chacun va s’accomplir, car l’homme ne se réalise que dans le don de lui-même.
Anna Ashkova