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Les raisons de partir ne sont pas toujours celles que l’on croit. La preuve en est par ces témoignages d’experts.
«Il n’y a d’homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé, qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie ». Ces mots de Lamartine tirés de « Voyage en Orient » résonnent avec force en 2017 à l’heure où les particularismes nationaux s’affirment. Faire voyager votre enfant, c’est donc lui apprendre un autre point de vue et lui faire rencontrer un autre, si différent mais pour autant si semblable. Mais au-delà de cet idéal touristique, le séjour linguistique convainc par son retour sur investissement, la personnalisation de son offre ou encore la création de dispositifs originaux.
Le « ROI » du séjour
Les prestataires des séjours linguistiques s’accordent sur le fait que les parents cherchent de plus en plus une sorte de retour sur investissement et souhaitent vraiment des formules où leur(s) enfant(s) pourra (pouront) progresser en langue de manière significative.
« Les attentes des parents ont augmenté sur la qualité de l’encadrement et des activités proposées. Leurs exigences vont vers des séjours où le niveau en langue est bien au-delà du niveau standard. Chez AILS, nous proposons ce faisant des séjours dit premium pour les profils juniors qui ont déjà un très bon niveau avant de partir. Dans ce cas de figure, le séjour est axé autour d’un thème et d’une pédagogie de projet. Cela peut concerner entre autres le journalisme, la photographie », analyse Chanaella Lezoma, responsable d’agence chez AILS. Même son de cloche chez ECI, avec son directeur Alexandre Deltour : « Le club 5 qui propose des cours chez l’enseignant par groupe de 5 est de plus en plus en vogue. » Tout comme La mixité internationale est également de plus en plus demandée. Le produit phare ? Une immersion totale plutôt que les séjours classiques d’autant que la période estivale avec d’autres francophones se caractérise souvent par un coût relativement élevé. « Classiquement les adolescents vont chercher de plus en plus l’immersion. Chez ECI, en général, un jeune va réaliser un ou deux séjours courts pour réaliser le troisième aux Etats-Unis sur des périodes plus longues », explique Alexandre Deltour.
Formule dans l’air du temps, les immersions, même sans cours de langue sont davantage plébiscités ; souvent aux Etats-Unis ou en Irlande dans une formule de type vacances linguistiques où les adolescents partagent le quotidien d’une famille qui en général a aussi un(e) jeune du même âge. Une manière de s’assurer que l’enfant ne côtoie pas trop de francophones tout en adoptant le rythme familial qui permet d’éviter tout écart ou débordement. Rappelons toutefois que la démarche doit aussi partir de l’enfant qui ressent l’envie de passer de vacances différentes que celles passées en famille. À ce sujet, l’organisme You’re welcome fait partie de ces acteurs qui proposent des séjours en famille dans lesquelles les parents d’accueil sont aussi enseignants et les enfants, avec un peu de chance, dans la même tranche que les vôtres. « Finalement, les parents nourrissent beaucoup d’attente sur les progrès en langue », constate Chanaella Lezoma.
Trouver le bon rapport taux d’exigence qualité de la prestation/prix
Pour les voyages qui concernent les plus jeunes, le besoin d’encadrement vous importe toujours autant. L’Office, bannière qualitative et organisme reconnu par l’État qui fédère de nombreux acteurs du séjour linguistique parmi lesquels nous retrouvons Atout Linguistique, Telligo, Kaplan Interntional, ECI, EDI, JEV Langues, Calvin Thomas, ALS, AILS, Wep, PIE, souligne d’ailleurs dans sa dernière étude que vous recherchez de plus en plus des séjours mieux cadrés : « Cette année, les parents ont été particulièrement demandeurs de garanties sur l’encadrement et la sécurité des séjours. Ces critères ont été primordiaux dans le choix du séjour linguistique de leur enfant. Ainsi, les séjours « cours + activités », avec présence d’un accompagnateur pour 12 enfants, et des encadrants de 22 ans minimum ont été les plus prisés (20,8 % des demandes) ». Les seuils d’exigence et de satisfaction sont aussi tirés vers le haut parce que les enfants partent de plus en plus jeunes à l’étranger et arrivent à l’adolescence avec une expérience certaine du séjour ou de voyages à l’étranger. Autre tendance également à retenir pour cette année, la demande croissante de séjours de plus en plus courts. Côté chiffres, vous seriez 16,5 % à envoyer vos enfants en famille avec ou sans cours, pour les plus jeunes, 13,4 % en scolarité à l’étranger, pour les collégiens/lycéens (13,4 % des demandes) et 12,6 % séjour au pair, jobs et stages en entreprise pour les plus de 18 ans respectivement.
En parallèle, vous êtes légitimement dans votre droit d’exiger un séjour de qualité. D’où une montée en gamme des séjours tant dans leur programme que dans la nature des activités.
« Au départ, nous sommes spécialisés dans les séjours en immersion chez le professeur avec des cours particuliers. Notre force a été de répondre aux exigences parentales par le sur-mesure sur le choix de la famille, de type d’hébergement ou de concept », avance Saul Cathelin, responsable de programme chez Atout Linguistique. La tendance émerge d’ailleurs chez d’autres acteurs du séjour linguistique toujours plus enclin à répondre aux desiderata des parents à l’image de SILC qui commercialise ses « Aventures Linguistiques Premium » qui offrent des prestations plus exclusives avec des possibilités de séjours sur mesure. Mais cette montée en gamme est synonyme de coût. Assurez-vous donc au préalable que les prix annoncés comprennent toute la prestation dès la prise en charge de votre enfant. Il faut également avoir conscience que faire partir vos enfants suivre les cours d’enseignants diplômés coûtera plus cher que des étudiants, embauchés à l’occasion, qui n’ont pas encore d’expérience pédagogique…
Séjours atypiques : « LA » bonne raison pour partir ?
Chez WEP, entre autres, pour les jeunes à partir de 15 ans, des formules de séjours reposent sur des groupes de volontariat avec la constitution de groupes de six Belges, six Italiens, six Français, par exemple qui bénéficient du réseau WEP pour partir en Afrique du Sud, au Sri Lanka, au Ghana, en Thaïlande et en Indonésie afin d’aider et assister des actions humanitaires. Les pays d’Asie du Sud-Est seront l’occasion de travailler dans des écoles ou des orphelinats ou d’assister des chantiers dédiés à un projet social ou à la protection d’animaux sauvages dans une réserve. Au Ghana, il s’agira de pourvoir aux besoins de nourrissons. Une formule qui permet de faire grandir vos ados très vite, en trois semaines, tout en les laissant partir dans des destinations moins classiques mais toujours anglophones et en donnant du sens à leurs vacances.
Chez Nacel, organisme agréé par l’UNOSEL (Union Nationale des Organisations de Séjours Éducatifs, Linguistiques et de Formations en Langues), les séjours originaux se bousculent tels qu’une formule Anglais et sciences en Floride. « Encore une façon originale de se familiariser avec l’anglais oral grâce à des cours – en classe avec des jeunes américains et des travaux pratiques encadrés par des enseignants américains et portant sur des matières scientifiques : Science, Technology, Engineering, Mathematics, (ou STEM) », ajoute Ghislaine Couronne.
Et Chanaella Lezoma pour AILS d’ajouter : « Nos programmes premium peuvent aussi se décliner via une spécialisation sur un sport, ou sur un thème créatif voire académique. Ces séjours, principalement en Angleterre peuvent donc allier immersion, apprentissage de la langue et littérature, la préparation à un examen ou d’autres matières générales comme l’histoire-géographie, les sciences, les mathématiques,… »
Développer les soft skills utiles pour sa future vie étudiante voire professionnelle
Durant le Moyen-Âge et l’époque Moderne, les élites nobiliaires faisaient voyager leur progéniture pour découvrir le monde et progresser sur les humanités afin de revenir prêt à gouverner. Tout y passait : enseignement du latin, de l’art de monter à cheval, de langues étrangères, d’autres mœurs, d’autres codes pour interagir avec la noblesse étrangère. C’est ce qu’on appelait le « Grand Tour ». Cette comparaison nous amène à se questionner sur les apports d’un séjour linguistique pour le jeune au-delà de l’évidence des progrès en langue vivante. « Cela dépend de la longueur du type du séjour. Cela peut être un séjour initiatique pour les séjours longs. Cela implique de revenir avec une maturité accrue pour les longues durées. Pour les séjours plus courts, il s’agit de découvrir une nouvelle culture tout en apprenant à se connaître soi-même, apprendre l’humilité », détaille Saul Cathelin, responsable de programme chez Atout Linguistique.
Cela dit, le voyage est également devenu une nécessité pour se « vendre » plus tard sur le marché de l’emploi. L’agilité pour évoluer dans un monde complexe ainsi que l’aisance dans les milieux multiculturels sont devenues ces dernières années deux savoir être prisés des recruteurs et autres chasseurs de têtes. Les séjours linguistiques apparaissent comme un bon levier pour progresser sur ces deux chantiers. Les voyages forgent les âmes, encouragent l’indépendance, la créativité et la pensée créative et invitent au multiculturalisme et à la résolution de problèmes.
Geoffroy Framery
*Joindre l’utile à l’agréable.