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Toussaint, souvenir et cimetières à fleurir…
L’évocation des membres décédés de la famille et la visite du cimetière le jour de la Toussaint* sont des occasions pour aborder avec les enfants la question de la mort.
La mort, c’est la séparation, la tristesse, le deuil, l’inquiétude devant l’inconnu… Autant de raisons pour que les parents soient souvent tentés de tenir leurs enfants à l’écart de ces sentiments noirs le plus longtemps possible. Dommage. Car il est important d’aborder ce sujet avec les enfants : tous, sans exception, se posent des questions sur la mort, même s’ils n’en parlent pas.
Âge par âge, aider l’enfant à comprendre la mort
Selon les psychologues, il n’y a pas d’âge précis pour que les enfants soient capables de comprendre la mort. Leur prise de conscience s’établit par paliers, à mesure que se développe leur maturité. Dès 2-3 ans, on peut parler de la mort avec un enfant en s’appuyant sur le cycle de la vie dans la nature. Et lorsqu’un de ses proches disparaît, il faut bien lui dire que, quand on meurt, c’est pour toujours, et qu’on ne revient pas. Il doit bien comprendre qu’il ne reverra plus la personne : « Papi ne sera plus là pour te raconter des histoires ou t’emmener en balade. »
À partir de 5 ou 6 ans, on peut dire les choses clairement. À cet âge, les enfants comprennent qu’on peut mourir de maladie, de vieillesse. Puis, vers 9 ans environ, ils savent que la mort est irréversible et qu’eux-mêmes un jour mourront.
Trouver les mots justes
Certaines façons de dire, comme « papi est parti au ciel », « tonton est avec les anges maintenant » ou encore « Boule de Neige est partie » sont à proscrire : les enfants risquent de les mal comprendre. Il ne faut pas cacher la réalité aux enfants. Si on dit à un enfant que sa grand-mère s’est « endormie », il risque d’avoir peur d’aller au lit, de crainte de mourir lui aussi. Même chose si on dit qu’un proche « est parti » pour un long voyage ou qu’il « vit au ciel ». L’enfant attendra son retour et sera anxieux quand quelqu’un partira en voyage.
De même, il est parfois important d’indiquer la cause de la mort. Si tante Louise est décédée des suites d’un cancer, il ne faut pas hésiter à l’expliquer au lieu de dire seulement qu’elle est morte car elle était « malade ». L’enfant pourrait en effet craindre de mourir à son tour en tombant malade. Bien évidemment, il faut aussi expliquer que la mort n’est pas contagieuse.
Surtout, rassurer l’enfant. Lui dire que même si la personne est décédée, on ne l’oublie pas. Son souvenir restera toujours présent dans les cœurs. L’amour qu’il avait pour son poisson rouge ne mourra pas. Et lorsque la famille est endeuillée, il n’est pas question de cacher les larmes. L’enfant a besoin de voir que vivre la mort est difficile pour tous.
S’appuyer sur des supports
Et si on n’arrive vraiment pas à en parler, les livres aident à aborder avec délicatesse ce sujet sensible. C’est le cas de l’album Tu vivras dans nos cœurs pour toujours (Larousse) ou bien de l’ouvrage de la célèbre pédiatre Catherine Dolto, Si on parlait de la mort (Gallimard Jeunesse). Comment meurt-on ? Où va-t-on quand on est mort ? Que fait-on du corps ? Pourquoi la mort fait-elle si peur ? Le petit livre de la mort et de la vie (Bayard Jeunesse) de Delphine Sauliere D’Izarny-Gargas, avec des illustrations de Rémi Saillard, répond à de vraies questions posées par des enfants.
* La Toussaint trouve son origine au IVe siècle dans l’Église d’Orient, en Turquie, Syrie ou en Égypte. À cette période, les chrétiens célébraient la fête de tous les martyrs. La Toussaint était alors le dimanche qui suivait la Pentecôte. Puis cette fête est arrivée à Rome et en Occident.
Anna Guiborat