150 ans de la naissance de Marie Curie

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A l’occasion des 150 ans de la naissance de Marie Curie, Parenthèse vous invite à vous plonger dans la vie de la plus grande scientifique du XXe siècle, connue dans le monde entier.

Maria Sklodowska voit le jour le 7 novembre 1867, à Varsovie en Pologne, dans une famille de parents enseignants. Elle est leur cinquième enfant. En 1891, elle rejoint sa sœur Bronia à Paris et s’inscrit à la faculté des sciences. Elle est reçue première à la licence de physique, puis seconde à celle de mathématiques en 1894. Un an après, elle épouse Pierre Curie, né le 15 mai 1859. A cette époque, il est déjà un chercheur physicien reconnu pour ses travaux notamment sur la piézo- électricité et le magnétisme. La même année, Marie Curie commence à travailler sur les « rayons uraniques », découverts par Henri Becquerel. En 1897, elle donne naissance à une petite fille, Irène. Par la suite, celle-ci deviendra à son tour scientifique et sera l’une des trois premières femmes à entrer dans un gouvernement, comme sous-secrétaire d’État à la Recherche de Léon Blum.

Deux Prix Nobel et la rencontre avec le président américain Warren Harding

Pierre et Marie Curie poursuivent leurs recherches sur les substances radioactives dans un laboratoire rudimentaire. Les efforts de Marie Curie sont récompensés le 10 décembre 1903. Elle reçoit le Prix Nobel de physique, avec Henri Becquerel. Un an plus tard, Pierre et Marie Curie ont une seconde fille, Eve. Mais le 19 avril 1906, un drame arrive : Pierre Curie meurt, écrasé par une roue de voiture à cheval ! Essayant de subvenir aux besoins de ses deux enfants, Marie Curie poursuit ses recherches et obtient son second Prix Nobel, de chimie, pour la découverte de deux nouveaux éléments : le radium et le polonium, en 1911. Entre temps, cette femme extraordinaire, qui veut lutter contre le cancer, créé l’Institut Curie (1909) sur un modèle d’actualité et « de la recherche fondamentale aux soins innovants ». En outre, avec le Dr Claudius Regaud et grâce au mécénat du Dr Henri de Rothschild, elle fonde la Fondation Curie pour financer les activités de l’Institut du radium et développer l’activité médicale. Cette fondation servira de modèle pour les centres anti-cancéreux du monde entier. Il faut aussi savoir que grâce au service radiologique mobile les « petites Curie », créé par la scientifique, des milliers de blessés ont pu être sauvé pendant le Première Guerre mondiale.

Marie Curie fut aussi la pionnière de la générosité du public. En effet, le 20 mai 1921, le président américain Warren Harding lui remet 1 gramme de radium, financé grâce à la collecte de 100000 dollars par des Américaines mobilisées pour la science. Aujourd’hui encore, la générosité publique aide l’Institut Curie à poursuivre ses recherches. Pendant les 20 dernières années de sa vie, Marie Curie a dirigé le laboratoire Curie à l’Institut du radium de Paris. Le 4 juillet 1934, celle qui a lutté contre le cancer a été emportée par la leucémie. Elle a développé cette maladie suite à l’exposition prolongée aux rayonnements dont on ignorait encore les dangers. En 1995, elle fut la première femme admise au Panthéon pour ses mérites. Son époux, Pierre Curie, repose à ses côtés.

L’Institut de Marie Curie aujourd’hui

L’œuvre de Marie Curie continue à vivre encore aujourd’hui grâce aux 3400 personnes, chercheurs et médecins de toutes disciplines travaillant à l’Institut Curie. Celui-ci est devenu un centre de recherche de renommée internationale associé à un ensemble hospitalier de pointe référent pour la prise en charge de nombreux cancers dont celui des enfants, et de la recherche en biologie moléculaire. Il est aussi un acteur majeur sur le plan national et international pour les cancers du sein, gynécologiques et de l’œil.

Marie Curie et le Dr Claudius Regaud ont compris qu’il est important de faire travailler ensemble médecins et chercheurs de domaines différents. C’est sur cette base que l’Institut Curie a créé des programmes spécifiques. « Le modèle Curie ouvre la voie à la cancérologie de demain, en France et partout dans le monde comme aux États-Unis où se sont développés des Comprehensive Cancer Centers. Autrement dit, des sites intégrés qui se veulent la «colonne vertébrale» des recherches et des soins du cancer les plus innovants. Modèle que l’Institut Curie s’attache à toujours porter plus loin, comme l’illustre le Centre d’immunothérapie des cancers tout juste créé. En associant dans un même lieu médecins et chercheurs, de nouvelles barrières tombent pour accélérer encore les découvertes et les avancées au profit du patient », explique le Pr Thierry Philip, président de l’Institut Curie. Tout comme Marie Curie, les chercheurs de l’Institut Curie sont assoiffés et curieux de comprendre et défricher des territoires inconnus.

Les confidences du petit-fils de Marie Curie

A l’occasion de l’anniversaire de la naissance de sa grand-mère, Pierre Joliot publie un livre aux éditions Flammarion « La recherche scientifique? Une passion, un plaisir, un jeu » (sortie le 1er novembre 2017). Né en mars 1932, il est le fils de Frédéric et Irène Joliot-Curie et le petit-fils de Pierre et Marie Curie. Il fait partie de cette famille hors normes, dont les travaux sur la radioactivité et la découverte de nouveaux éléments ont été récompensés cinq fois par la plus prestigieuse des reconnaissances qu’est le prix Nobel. Directeur de recherche au Centre national de recherche scientifique (CNRS), professeur au Collège de France, membre de l’Académie des sciences de France et de la National Academy of Sciences aux États-Unis, il a reçu aussi de nombreux prix, dont celui du Commissariat à l’énergie atomique, et la médaille d’or du CNRS. Témoin d’une expérience et d’une pratique de la recherche qui remontent à plus d’un siècle, à 85 ans, il est toujours animé par son métier. Il continue donc à se rendre au laboratoire tous les jours où il mène ses recherches et ses expériences. « Depuis que je suis à la retraite, j’ai un droit que je m’étais interdit jusque-là : celui de perdre du temps. En m’octroyant ce droit, j’ai réalisé que j’étais encore capable de trouver et de mettre en évidence des phénomènes nouveaux auxquels je ne m’attendais absolument pas. Et si je peux faire encore preuve d’originalité, ce n’est pas parce que je suis un chercheur génial, c’est simplement parce que j’ai le temps et la possibilité de prendre des chemins de traverse. C’est l’excitation que me procure la poursuite d’un jeu toujours renouvelé qui me permet, un demi-siècle plus tard, de pratiquer ce métier avec le même enthousiasme et le même plaisir », explique Pierre Joliot dans son ouvrage. C’est cette passion à la science qu’il veut aujourd’hui transmettre aux jeunes.

« J’ai toujours pensé que c’était essentiel de s’adresser aux jeunes car l’avenir de la recherche repose sur eux. En plus, actuellement l’intérêt pour la science diminue notamment à cause des conditions difficiles imposées. On introduit une forme d’esprit de compétition entre les jeunes scientifiques, on demande des projets à court terme, que les chercheurs soient réactifs. Je voulais décrire aux jeunes une autre manière de concevoir la science puisque j’ai toujours considéré cette dernière comme un jeu. Je ne le faisais pas forcément pour la carrière et ça me fait encore plaisir de travailler », nous explique Pierre Joliot, lors d’un entretien. Issu d’une famille de célèbres chercheurs, il se dit « très souvent sollicité », toutefois le poids de cette célébrité ne pèse pas sur lui. « Je pense que mes parents ont su me donner une forme d’éducation pour me libérer de ce problème. Ils m’ont toujours dit que la science est un beau métier, que c’est un jeu et qu’on pas besoin d’être Marie Curie ou Albert Einstein pour être chercheur. Je suis donc devenu un scientifique sans me préoccuper constamment de ma réussite par rapport à celle prestigieuse de mes grands-parents ou parents. » Pierre Joliot explique également que sa grand-mère est aussi un exemple pour toutes les femmes du monde entier : « Elle fut la première femme à être reconnue au plus haut niveau dans le milieu de la recherche. Elle est un exemple pour toutes les femmes surtout dans le monde actuel où celles-ci sont en minorité dans le corps scientifique ». « Le combat de Marie Curie, ainsi que celui de ma mère, n’est pas terminé et il faut continuer à le mener, non seulement dans la recherche mais à tous les niveaux sociaux », conclut-il.

Les coulisses des travaux scientifiques et la vie privée de Marie Curie

Pour fêter comme il se doit les 150 ans d’anniversaire de Marie Curie, l’Institut Curie, le Musée Curie et le Centre des monuments nationaux présentent une exposition inédite au Panthéon, du 8 novembre 2017 au 4 mars 2018. Intitulée « Marie Curie, une femme au Panthéon », elle est conçue comme un récit et se déploie en un prologue suivi de cinq chapitres thématiques, dévoilant chaque aspect de la vie et du parcours de Marie Curie jusqu’à la postérité. « Notre ambition est de rendre état de la personnalité plurielle de Marie Curie, de commémorer la légende des sciences mais aussi la femme derrière le mythe », explique Renaud Huynh, directeur du Musée Curie et commissaire de l’exposition.

Les visiteurs pourront découvrir les coulisses des travaux scientifiques et la vie privée de cette figure légendaire de la science. Au programme : de riches archives – instruments scientifiques, documents d’époque et effets personnels – présentées dans une scénographie originale au cœur du transept nord, les coulisses de l’Institut du radium, devenu Institut Curie, et des travaux scientifiques qui y ont été menés. Il sera également possible de visiter la crypte du Panthéon, dont le caveau VIII où reposent Marie et Pierre Curie. Le Musée Curie, situé à cinq minutes à pied du Panthéon, rue Pierre et Marie Curie, au cœur du site parisien de l’Institut Curie, vous ouvrira également ses portes.

Anna Ashkova

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