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Pourquoi et comment donner aux associations ? Des réponses à travers deux associations et fondations emblématiques, l’Arsep et SOS Chrétiens d’Orient.
La pandémie provoque un séisme économique et humain. AED (Aide à l’Église en détresse) Solidarités international France Alzheimer, Les Petits frères des pauvres, Alliance Vita, Institut Pasteur de Lille, Secours populaire, Fondation OCH ou encore 30 millions d’amis… Quel que soit le cœur d’activité ou le périmètre d’intervention national ou international, le monde associatif a connu un pic d’activité causé par la situation actuelle : violences conjugale et infantile en hausse, abandon d’animaux, précarisation des foyers avec la crise économique qui touche de nombreux secteurs… quand il ne s’agit pas d’aider humanitairement des pays en guerre. Exemple près de chez nous, Les Restos du Cœur de Côte d’Or ont connu un pic de 15 % de personnes en plus dans leur dispositif d’aide alimentaire.
Des coûts et dépenses supplémentaires mais des ressources en moins
Les associations doivent, à l’image du monde de l’entreprise, accélérer leur numérisation pour continuer à exercer leurs missions dans les meilleures conditions possibles. Tel est le cas par exemple des associations qui œuvrent pour le soutien scolaire et qui combattent l’illettrisme et les problèmes d’intégration pour les réfugiés et primo-arrivants. Plusieurs systèmes de visioconférences ont été mis en place pour assurer une pérennité des services, même à distance. Dans un autre registre, nombreuses sont les associations à avoir fait appel à la French Tech pour numériser leur relation comme le prouve le partenariat avec La Croix Rouge et Wisecom, un centre d’appels pour mettre en place en quelques jours La Croix Rouge, j’écoute et ainsi gérer plus aisément des milliers d’appels par semaine. Cette accélération de la transformation des associations ont grevé les budgets lorsque ces partenariats ne rentraient pas dans une logique pro bono comme pour celui de la Croix Rouge.
Le don pour survivre
Ces deux facteurs expliquent combien il importe aujourd’hui de multiplier les dons aux associations. Rappelons que cette part de dons et legs consiste pour de nombreuses structures en une part essentielle du budget de fonctionnement. Pour l’Institut Pasteur, les donations représentent annuellement 36 % du budget de fonctionnement. En parallèle, de nombreuses associations ont dû simplement fermer leurs portes et donc faire une croix sur une partie de leurs revenus. En attestent aujourd’hui de nombreux appels aux dons dans le secteur socioculturel et sportif. La période de confinement qui a duré 55 jours a laissé très peu d’indemnes dans l’associatif. La fermeture des magasins de l’association Emmaüs l’a plongée en grande difficulté. Et première historique depuis sa création en 1954, Emmaüs lance un appel aux dons pour assainir sa trésorerie. L’élan de solidarité pour la survie des associations doit se poursuivre bien au-delà du confinement.
Entretien avec Benjamin Blanchard, directeur général de SOS Chrétiens d’Orient
« Les populations ont besoin de vous ici, afin que nous les aidions là-bas »
Pourquoi continuer à donner à l’international ?
Si la crise s’annonce dramatique pour l’économie française, les difficultés que nous rencontrons sont sans aucune mesure avec celles de pays qui sortent de la guerre ou sont déjà aux prises avec la misère. Dans tous ces pays, ce n’est pas le coronavirus que les populations redoutent, mais bien la faim.
Quels témoignages remontent des pays où vous agissez ?
En Irak, les familles chrétiennes déplacées de la plaine de Ninive au moment de l’arrivée de Daech vivent comme elles le peuvent, en général d’emplois saisonniers. Avec le confinement, ces emplois ont été supprimés. Pour ces familles, le principe est simple : pas de travail, pas de nourriture. En Égypte, la fermeture du pays au tourisme plonge des milliers de familles dans la misère. Nos humanitaires présents sur place voient de nouveaux visages affluer chaque jour aux donations alimentaires organisées dans les quartiers pauvres du Caire. Au Liban, pays qui traversait déjà une crise économique des plus inquiétantes, on estime que c’est jusqu’à 1 million de Libanais, soit 65 % de la population active, qui pourraient être frappés par le chômage et sombrer dans la pauvreté. Et que dire de la Syrie où c’est à la guerre, avec son lot de destructions et de déplacements, que succède cette crise sanitaire et ses dramatiques conséquences économiques…
Au-delà du don traditionnel, existe-t-il d’autres moyens de contribuer aux actions de votre association ?
Les besoins sont immenses, et les populations auprès desquelles nous intervenons ont besoin de vous ici, afin que nous les aidions là-bas. Nous avons créé un fonds de dotation qui nous permet de recevoir des legs totalement exonérés de droits de succession. Chaque année, le fonds de dotation reverse les revenus provenant des legs et donations à SOS Chrétiens d’Orient, permettant à l’association de disposer d’un revenu régulier et de financer son développement dans nos pays de missions actuels… et à venir.
Entretien avec Jean Pelletier, président de la fondation Arsep.
« La recherche connaît des avancées significatives au profit des malades et aidants »
Quelles actions ont été menées récemment ?
Deux appels à projets sont prévus cette année pour sélectionner les meilleurs projets de recherche sur la sclérose en plaques. Notre comité médico-scientifique s’est réuni le 2 juin pour sélectionner les meilleurs projets afin qu’ils soient financés par la Fondation Arsep. Pour la première fois, nous proposons un nouvel appel à projets de recherche, Émergence. Comme son nom l’indique, son objectif est de permettre à un jeune chercheur de constituer une nouvelle équipe dédiée à la recherche sur la SEP ou à un groupe de chercheurs ou cliniciens de développer ou renforcer un réseau de recherche. Ceci dans le but de donner à des femmes et des hommes les moyens matériels et humains pour s’engager durablement sur une piste de recherche prometteuse pour vaincre la SEP. En outre, nous avons également organisé trois webinaires sur les mois d’avril et mai pour répondre à nos malades et familles sur les interrogations de l’impact de la pandémie et de la SEP.
Quels sont les modes de donations et legs ? Quid du mécénat de compétences ?
Notre Fondation est habilitée à recevoir les legs, donations. Pour faire un legs, vous pouvez soit rédiger un testament olographe, il suffit qu’il soit écrit en entier, daté et signé de votre main, soit un testament authentique, il est dicté par le testateur soit à un notaire en présence de deux témoins soit à deux notaires qui en dressent l’acte. Pour faire une donation, vous pouvez soit la faire avec une réserve d’usufruit, dans ce cas elle ne porte que sur la nue-propriété, ou bien faire une donation temporaire d’usufruit, ainsi la nue-propriété du bien est conservée par le donateur. Nous avons également au sein de la Fondation du mécénat de compétences par Publicis Conseil qui réalise nos campagnes de communication, par TF1 qui nous aide dans l’impression de brochures et par le joaillier Mauboussin qui collecte des fonds pour la recherche par des ventes aux enchères.
À quoi va servir essentiellement la collecte ?
Grâce aux dons récoltés par la Fondation Arsep, la recherche connaît des avancées significatives au profit des malades et aidants. Depuis plus de 50 ans, la Fondation finance des projets de recherche innovants pour lutter contre la sclérose en plaques et informe le public des avancées médicales, scientifiques et thérapeutiques. Cette année, le montant collecté sera affecté à un projet sur la remyélinisation, une voie de recherche visant à stopper la maladie.